Mardi 12 mars 2013, les 115 cardinaux électeurs entreront dans la Chapelle Sixtine pour élire le nouveau pape, successeur de Benoît XVI, démissionnaire le 28 février dernier.
115 cardinaux
Participent à l'élection 115 cardinaux âgés de moins de 80 ans au moment de la renonciation de Benoît XVI le 28 février. Deux autres cardinaux électeurs ne se sont pas rendus au Vatican : l'Indonésien Julius Darmaatmadja, pour des raisons de santé, et le Britannique Keith O'Brien, qui a reconnu des comportements sexuels "inappropriés". Quatre-vingt-dix cardinaux âgés de 80 ans et plus ne peuvent pas participer à l'élection.
Les cardinaux électeurs sont originaires de 48 pays différents. L'Italie fournit le bloc le plus important, avec 28 cardinaux, contre 11 pour les Etats-Unis, six pour l'Allemagne et cinq chacun pour l'Inde et le Brésil. La France en compte quatre. Parmi les cardinaux électeurs présents au Vatican, 60 viennent d'Europe, 19 d'Amérique latine, 14 d'Amérique du Nord, 11 d'Afrique, 10 d'Asie et un d'Océanie.
Le Conclave, un rituel huilé
Le conclave est avant tout un rituel. Très solennel. Le déroulement de l'élection est déterminé dans les moindres détails dans la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, édictée par Jean Paul II en 1996. Dans un premier temps, les 115 cardinaux, dont quatre français, entrent en lente procession, accompagnés par la litanie des saints, dans la Chapelle Sixtine.
Le cardinal doyen du conclave ferme la marche. Une fois l'ordre "Extra Omnes" (tous dehors) donné et toutes les personnes extérieures au conclave parties, les cardinaux électeurs se retrouvent enfermés dans la Chapelle Sixtine avec leurs pairs et un seul ecclésiastique qu'ils ont eux-mêmes choisi pour sa sagesse et son autorité morale. Ce dernier leur parle de leur tâche et de la nécessité d'agir pour le bien de l'Eglise, puis sort lui aussi, permettant ainsi le début du scrutin.
Pour voter, chaque cardinal va remplir un bulletin rectangulaire, portant comme seule mention imprimée "Eligo in Summum Pontificem" (j'élis comme souverain pontife) dans la partie supérieure. Il est censé marquer le nom de son candidat sur la moitié inférieure "d'une écriture non reconnaissable".
Il plie son bulletin et, suivant l'ordre de préséance, se lève et le porte - de manière à ce que le billet reste visible - à l'autel où est placée une urne couverte d'un plateau. Il prononce alors à voix haute le serment suivant: "je prends à témoin le Christ Seigneur qui me jugera, que je donne ma voix à celui que selon Dieu, je juge devoir être élu". Il dépose son bulletin sur le plateau et le fait glisser dans l'urne, s'incline vers l'autel et retourne à sa place.
Le pape est élu à la majorité des deux tiers. Les cardinaux procèdent à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi jusqu'à ce qu'un pape soit proclamé. Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive pour laquelle Benoît XVI a rétabli la nécessité de parvenir dans tous les cas de figure à la majorité des deux tiers.
Fumée noire ou fumée blanche
Une fois élu, il reste au nouveau pape à répondre à deux questions du cardinal doyen: Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? De quel nom voulez-vous être appelé ? Répondant "oui" à la première, l'élu devient immédiatement pape et évêque de Rome.
La coloration de la fumée, noire ou blanche, qui sortira de la cheminée installée pour l'occasion au-dessus de la chapelle Sixtine, déterminera la décision du Conclave. Si la fumée est noire, cela signifie qu'aucun cardinal n'a recueilli la majorité suffisante et que le conclave se poursuit. Si la fumée est blanche, elle indique l'élection d'un nouveau pape et les cloches de la Basilique Saint-Pierre se mettent alors à sonner. De la fumée s’élèvera du Vatican deux fois par jour, vers midi puis vers 19h00, sauf si un pape est élu au premier tour de scrutin de l'une des deux sessions
Combien de temps durera le conclave ?
Le conclave qui s'ouvre mardi pour désigner le successeur de Benoît XVI devrait être court et, en tout cas, ne pas excéder quatre jours, dans la lignée de l'histoire récente. Sauf surprise, la fumée blanche devrait apparaître sur le toit de la Chapelle Sixtine entre deux et quatre jours après le début du conclave, a prédit le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, devant quelque 5.000 membres des médias accrédités.
A Rome, ville dont le pape est aussi l'évêque, les prévisions oscillent entre mercredi et jeudi, pour les plus prudents, soit une durée équivalente à celle qui, en 2005, avait permis l'élection de Benoît XVI, après quatre tours de scrutins. Après la démission historique de Joseph Ratzinger, le consensus pour fixer la date de début du conclave mardi a été obtenu "à une très forte majorité" des cardinaux, a précisé le père Lombardi ce qui, pour certains vaticanistes, plaide en faveur d'une élection rapide.
Autre argument, selon le père Lombardi, un conclave trop long donnerait l'impression que les cardinaux sont divisés, et fragiliserait une Eglise déjà confrontée à de nombreux défis, notamment les tensions au plus sommet de son "gouvernement", la Curie romaine. Depuis 1903, aucun conclave n'a duré plus de cinq jours: il a fallu quatre scrutins pour élire Benoît XVI, trois pour Pie XII, en 1939, onze pour Jean XXIII (trois jours en 1958), six pour Paul VI (1963).
L'élection de Pie XI, en 1922, fut la plus longue du siècle en cinq jours et quatorze tours de scrutin. Mais celle de Jean-Paul II, qualifiée de très ouverte, n'avait été obtenue qu'en 48 heures et seulement 8 tours de scrutin le 16 octobre 1978. Son prédécesseur Jean Paul Ier, qui n'a régné que trente-trois jours, avait été élu en 24 heures avec quatre tours. Pie X, le premier pape du XXe siècle, a été élu en quatre jours, le 4 août 1903.
Mais le conclave, ouvert le 1er août, avait été marqué par le veto de l'empereur d'Autriche François Joseph à l'élection du cardinal Rampolla, ancien secrétaire d'Etat du pape Léon XIII. Au cours des 2000 ans de l'histoire de l'Eglise, la vacance pontificale la plus longue a été de 3 ans 7 mois et 1 jour (du 26 octobre 304 au 27 mai 308), entre Marcellin et Marcel 1er.
Quel nom pour le futur pape ?
Une fois un pape élu, un cardinal, en l'occurrence le Français Jean-Louis Tauran, se présentera au balcon de la place Saint-Pierre et déclarera en latin : "Annuntio vobis gaudium magnum. Habemus Papam" ("Je vous annonce une grande joie. Nous avons un pape"). Il annoncera l'identité du cardinal élu puis le nom que le nouveau chef de l'Eglise catholique s'est choisi.
Ensuite, le nouveau pape s'avance à son tour pour prononcer ses premiers mots en tant que souverain pontife et adresser sa première bénédiction "urbi et orbi" ("à la ville et au monde") devant la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre. Les noms les plus fréquemment choisis par les papes ont été Jean (à 23 reprises), Grégoire (16), Benoît (16), Clément (14), Innocent (13), Léon (13) et Pie (12).
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