«Eradiquer la délinquance», «nettoyer au Kärcher» les cités, pratiquer la «tolérance zéro» (punir la moindre incivilité) à l’égard des «voyous» et instituer la «culture du résultat» dans la police, force est de constater que ces mots d’ordre de Nicolas Sarkozy à son avènement au ministère de l’Intérieur en 2002 n’ont pas abouti. Pour la rentrée 2009, Brice Hortefeux se retrouve confronté à de mauvais chiffres de la délinquance. Publié en août, le dernier rapport de l'Observatoire national de la délinquance (OND) fait état d'une poursuite de la hausse des violences contre les personnes (+5%) et d'une explosion du nombre de cambriolages (+12%)
Chronique d'Alba Ventura sur RTL sur le thème : Mauvais chiffres de la délinquance, un échec pour Sarkozy ? Nicolas Sarkozy a tout fait pour incarner la sécurité, ça a toujours été son terrain de prédilection. C'est sur ce thème qu'il a fondé sa candidature en 2007. Souvenons-nous qu'il était question de "karchériser" les quartiers, de se débarrasser de la racaille. Souvenons-nous aussi que la société française n'avait pas été assez ferme, que si l'on excusait la violence, il fallait hélas s'attendre à la barbarie. Toutes ces paroles, Nicolas Sarkozy les a prononcées ces dernières années : l'insécurité, la délinquance ont toujours été son obsession. Et le discours de fermeté du ministre de l'Intérieur de l'époque avait séduit une grande partie de l'électorat puisque ce thème l'avait porté à l'Elysée, sauf que si le discours a été rassurant, eh bien il n'a pas fonctionné.
C'est ce que l'on constate année après année. Nicolas Sarkozy s'en est pris aux voyous, aux sauvageons, aux juges, aux policiers et en fin de compte, les atteintes au personnes ne cessent d'augmenter. Ça n'a jamais baissé. (...)
depuis sept ans, depuis les années au ministère de l'Intérieur, depuis la présidence de la République, eh bien ce n'est pas son idée fixe sur la sécurité qui est à mettre en cause, c'est son inefficacité.
Cela veut dire en clair que Nicolas Sarkozy est impuissant face au phénomène ? Tout le monde est impuissant face à la violence gratuite. Tout le monde ! C'est pour ça que lorsque Brice Hortefeux demande aux forces de l'ordre de mettre un coup de collier, on dit que c'est un peu déplacé comme remarque. On sait très bien que l'on ne peut pas lutter contre la délinquance sans les effectifs qui vont avec. La décision du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux d'ici à 2012 va conduire 3.500 gendarmes et 6.000 policier à quitter leur fonction.
Est-ce qu'il y aura de nouveaux policiers ? On a vu que les pauvres cadets de la République ont failli faire les frais de la gestion budgétaire. Et puis malgré les finances désastreuses du ministre de l'Intérieur, on nous dit maintenant qu'on va ajouter des caméras de surveillance, on va passer de 20.000 à 60.000 d'ici à 2011. Ça devait déjà être fait en 2009 ! Tout ça, c'est du rafistolage. Pour chasser les délinquants, il faut des hommes, il en faut dans les forces de l'ordre, il en faut dans les tribunaux pour que les peines soient plus immédiatement appliquées, sinon, eh bien la violence aux personnes aura encore de beaux jours devant elle.
Malgré ces mauvais chiffres, Alba Ventura, la sécurité reste tout de même l'un des principaux piliers de la politique du président ? Le thème de la sécurité, c'est ce qui fonde sa stratégie. Même si d'ailleurs Nicolas Sarkozy en a moins parlé au plus fort de la crise, il s'est toujours soucié de faire quelques petites piqûres de rappel comme le discours "le plan contre la délinquance" qu'il a prononcé au mois de mai à l'Elysée, c'était juste avant les élections européennes du mois de juin.
Les experts autour de Nicolas Sarkozy savent que ce qui fabrique du vote, ce qui incite à mettre son bulletin dans l'urne, ce ne sont pas des éléments économiques et sociaux sinon Schröder et Jospin auraient élus, NON. Ce qui fabrique du vote, c'est la sécurité, c'est l'immigration. Ce sont ces sujets régaliens et Nicolas Sarkozy n'a jamais, jamais abandonné ces thèmes-là et c'est de cette manière qu'il a, siphonné entre guillemets, une partie de l'électorat Front National au moment de la présidentielle.
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