Texte de Jean-Claude Branchereau, responsable syndical au niveau national dans le secteur bancaire, membre d'UMA76.
Les résultats de la primaire sont connus. Une nouvelle séquence s’ouvre avec l’objectif d’une victoire de la gauche en 2012. Le débat de la primaire a néanmoins montré qu’il y avait besoin de préciser le programme à présenter tant à la présidentielle qu’aux législatives.
Et qu’il fallait un programme qui permette le rassemblement de toute la gauche, condition sine qua non de la victoire.
56 – 44 y’a pas photo !
François Hollande l’a emporté au 2ème tour des primaires.
Le score s’explique par la volonté de battre Sarkozy, cela s’exprimait dans les bureaux de vote dimanche 16 octobre. Ce n’est pas une adhésion au programme de Hollande.
L’avance du 1er tour aura été déterminante pour créer une dynamique sur cette base là.
Il restera à analyser les mouvements de reports, à comprendre la non participation d’électeurs du premier tour au second, à étudier dans quel sens les nouveaux électeurs mobilisés au second tour ont voté.
A l’évidence les reports n’ont été que partiels et si Martine Aubry fait 13 points de plus il y a en partie des électeurs du premier tour qui n’ont pas suivi les consignes de leur candidat et de nouveaux électeurs qui se sont portés sur elle.
Mais si la différence est en faveur d’Hollande, c’est que les propositions, notamment sur les questions sociales, n’ont pas suffit à convaincre un plus grand nombre d’électeurs de gauche de se déplacer.
On peut observer que les différences s’entendaient davantage dans les meetings que dans les grands médias.
Il y a eu dans la campagne des voix pour dire qu’il fallait être plus précis sur les grandes questions sociales qui pouvaient davantage mobiliser les couches populaires.
Si cela a été fait en partie sur le double coup de pouce au Smic, l’idée des années de cotisation retraites comptant 1,2 ou 1,3 annuités… Cela n’a pas été suffisamment entendu clairement. Cela n’a pas suffit à convaincre.
La crainte de s’écarter du projet et de son chiffrage a semble t-il joué. Et l’avantage - s’appuyer sur le projet collectivement adopté - est devenu une contrainte.
Tous n’ont pas été aussi sourcilleux de respecter le projet adopté. Sur le retour à la retraite à 60 ans par exemple, F. Hollande ne l’a défendu que du bout des lèvres pour vite se raccrocher à l’échéance de mise à plat de 2013, décidée par la droite ! Valls a tout bonnement déclaré que c’était impossible de revenir en arrière. Et même Montebourg, s’il a condamné avec brio le résultat de la contre-réforme pour les femmes, les travaux pénibles, les carrières longues … ne s’est pas engagé réellement sur le retour à 60 ans.
Alors il va falloir clarifier !
Et maintenant ?
Une clarification sur les questions sociales est nécessaire pour la campagne, car c’est elles qui peuvent faire perdre la gauche. Mais c’est nécessaire aussi pour rassembler la gauche et les écologistes sur un programme partagé pour la législature.
Le débat entre socialistes, en liaison avec toute la gauche, doit donc se poursuivre. Le rassemblement doit se faire sur le projet en élaborant un programme de législature concret. C’est la meilleure manière de préciser les propositions, de parler clair.
Prenons un exemple sur les banques. Il y a quelques mois quand on discutait du projet, on avait tort d’avoir raison trop tôt en demandant le retour de la partie française de Dexia dans le secteur public. Aujourd’hui c’est le gouvernement qui le fait mais dans des conditions de nationalisation des pertes qui mettent en danger la capacité d’intervention du pôle public financier actuel (la CDC en particulier) et donc de la BPI demain.
Le débat sur la désignation des candidats aux législatives est une occasion de poursuivre la discussion, d’approfondir les bases sur lesquelles la gauche doit se présenter à cette échéance.
La rénovation, le renouvellement des candidatures, la prise en compte du non cumul des mandats sont des éléments essentiels dans ce cadre.
La clarté sur les questions sociales et économiques est la clé de la victoire en 2012 : Smic, retraites, 35h, licenciements, plafonnement des revenus à 20 smic, services publics, école, contrôle public des banques, dette illégitime, juste échange… C’est ce qui fera la différence avec Sarkozy et la droite. Et avec les fausses solutions du FN !