Mais au fait, c'est quoi mai 68 ?
Voici un rappel des évenements :
Mai 68, terme désignant les événements survenus en France en mai et juin 1968, constitue une période et une césure marquantes de l'histoire contemporaine française, caractérisées par une vaste révolte spontanée, de nature à la fois culturelle, sociale et politique, dirigée contre la société traditionnelle et, plus immédiatement, contre le pouvoir gaulliste en place. La crise révéla et accéléra les profondes mutations de fond de la société des Trente Glorieuses. Enclenchée par une révolte de la jeunesse étudiante parisienne, puis gagnant le monde ouvrier et pratiquement toutes les catégories de population à travers l'ensemble du territoire, elle reste le plus important mouvement social de l'histoire française.
Les événements superposèrent essentiellement un mouvement étudiant et un mouvement ouvrier tous deux d'exceptionnelle ampleur. Au-delà de revendications matérielles ou salariales, et de la remise en cause du régime gaullien installé depuis 1958, ils virent se déployer une contestation multiforme de tous les types d'autorité. La jeunesse en révolte (ou du moins une partie active du mouvement lycéen et étudiant) revendiqua notamment la « libéralisation des moeurs », et au-delà, contesta la vieille Université, la société de consommation, le capitalisme et la plupart des institutions et valeurs traditionnelles.
En France, ces événements prennent cependant une coloration particulière car de puissantes manifestations d'étudiants sont rejointes à partir du 13 mai 1968 par la plus importante grève générale de l'Histoire de France, dépassant celle survenue en juin 1936 lors du Front populaire. Elle paralyse complètement le pays pendant plusieurs semaines et s'accompagne d'une recherche effrénée de prise de parole, d'une frénésie de discussions, de débats, d'assemblées générales, de réunions informelles dans la rue, à l'intérieur des organismes, des entreprises, des administrations, des lycées et des universités, des théâtres, des maisons de jeunes ou encore des maisons de la culture.
Mai 68 apparaît comme un moment d'illusion révolutionnaire et utopique en la possibilité d'une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que refléta notamment une prolifération de graffiti et de slogans imaginatifs restés dans la mémoire collective : « Sous les pavés, la plage », « Il est interdit d'interdire », « Jouissez sans entraves », « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi », « La vie est ailleurs »...
Parfois qualifiée de « révolution manquée », et malgré le large recours à la rhétorique et aux symboles des révolutions françaises précédentes (barricades, drapeaux rouge et noir), Mai 68 ne vit en réalité aucune tentative de conquête du pouvoir ni aucune volonté de dérapage vers la guerre civile. Aucun coup de feu ne fut tiré et le nombre de mort avoisine une dizaine.
Les historiens divisent classiquement le déroulement de Mai 68 en trois phases, une « période étudiante » (3-13 mai), une « période sociale » (13 - 26 mai) et une « période politique » (27-30 mai).
L'éclatement spontané de la crise prit complètement au dépourvu le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisés. Le camp du pouvoir ne fut pas plus uni que celui de la contestation. Le Parti communiste français et son relais syndical, la CGT, refusèrent dans un premier temps de joindre leur cause à celle des étudiants vus comme « bourgeois » et a fortiori de leurs dirigeants d'inspiration libertaire (tels Daniel Cohn-Bendit) ou issus des divers groupuscules « gauchistes ». Ceux-ci étaient souvent eux-mêmes divisés (« marxistes-léninistes » prochinois, trotskystes ...) et incertains quant à l'attitude à avoir face au mouvement. Au sommet de l'État, la crise aggrava les divergences entre le général de Gaulle, peu compréhensif envers ce qu'il qualifie le 19 de « chienlit », et partisan d'une répression immédiate, et son Premier ministre, Georges Pompidou, qui préféra jouer la carte de la modération et de la compréhension pour mieux laisser le mouvement s'essouffler de lui-même. Les forces centristes et les gauches (Pierre Mendès France, François Mitterrand) tentèrent difficilement de canaliser vers la construction d'une alternative politique au régime gaullien un mouvement largement indifférent à la question de la prise du pouvoir.
Avant comme après le rejet par la base, le 27 mai, des accords de Grenelle négociés par son Premier ministre Georges Pompidou avec les syndicats, Charles de Gaulle apparaît flottant et dépassé par les événements. Après sa disparition-surprise de 24 heures le 29 mai, il revient de Baden-Baden et reprend l'initiative en décrétant le 30 la dissolution de l'Assemblée nationale. La lassitude et le retournement de l'opinion publique, longtemps favorable aux révoltés, amènent un raz-de-marée gaulliste aux élections anticipées du 30 juin. Les grèves cesssent progressivement courant juin, et les hauts-lieux de la contestation, tels que la Sorbonne et l'Odéon à Paris, sont évacués par la police.
Mai 68 a suscité dès l'époque de nombreuses controverses et interprétations divergentes sur sa nature, sur ses causes comme sur ses héritages. Il s'est prolongé, en ouvrant la voie aux nouvelles formes de contestations et de mobilisations des années 1970 (autogestion, écologie politique, mouvements féministes, décentralisation et réveil des cultures provinciales ...). Sans débouché politique, l'événement a eu un impact considérable sur le plan social et surtout culturel, en étant à l'origine de nombreux acquis sociaux et de nombreuses réformes sociétales des années suivantes, qu'il s'agisse de la réforme de l'éducation, de l'évolution des moeurs, de l'émancipation des femmes, des jeunes, des homosexuels ou encore des différentes minorités.
D'après : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mai_68