Ingrid Betancourt est otage des FARC depuis le 23 février 2002.
Jusqu'à cette date, elle avait menée une lutte exemplaire qui ne peut que susciter le respect. Oeuvrant contre la corruption, la pauvreté et le narco-trafic, elle s'était aussi fait connaître pour sa détermination face à une guerre civile vieille de plus de 40 ans et ayant déjà tué plus de 200.000 personnes. Elle qui voulait la paix, a été réduite au silence depuis son enlèvement.
Cela fait donc 5 ans aujourd’hui que la franco-colombienne Ingrid Betancourt et sa collaboratrice, Clara Rojas, sont otages des FARC, en Colombie. C’est beaucoup trop. Comme elles, plus de 3000 otages pourrissent dans la jungle, ne les oublions pas eux non plus.
N'oubliez pas de signer la pétition pour la libération d'Ingrid Betancourt, de Clara Rojas et des 3000 otages de Colombie en allant surhttp://www.ingridbetancourt-idf.com
Avec les soutiens reçus par divers hommes politiques dont celui du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, dans le récent procès des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo (le jugement sera rendu le 15 mars), on croyait le dessin de presse à l’abri de la censure.
Il semble que cette affaire très médiatisée soit l’arbre qui cache la forêt. Alors qu’il avait été relaxé en 2005, le dessinateur Placid, de son vrai nom Jean-François Duval s’est, en effet, vu condamner en appel le 18 janvier dernier à 500 euros d’amende « pour injures publiques envers une administration, en l’occurrence la police nationale » en raison d’un dessin fait en 2001 en couverture du livre Vos papiers ! et sous-titré : « Que faire face à la police ? ».
Son seul tort ? Avoir, semble-t-il, caricaturé le policier en couverture de l’ouvrage avec un nez retroussé, proche de celui d’un cochon. Mécontent de la décision de justice, le parquet a alors interjeté appel jusqu’à obtenir gain de cause. L’éditeur Michel Sitbon (Éditions l’Esprit frappeur) a, lui, été condamné à 800 euros pour complicité ainsi que l’auteur du livre, Clément Schouler, membre du syndicat de la magistrature, à 1 000 euros pour diffamation pour avoir dénoncé les « contrôles d’identité au faciès ».
Le 7 février dernier, Nicolas Sarkozy affirmait à propos du procès de Charlie Hebdo : « il y a une tradition qui est celle de la caricature et de la critique et je ne suis pas prêt à transiger avec cette tradition. » Visiblement, il s’agissait d’une opération de communication du candidat à la présidentielle.
"Nul ne peut être condamné à mort", cet article unique du projet de loi constitutionnelle à modifié le titre VIII de la Constitution consacré à l'autorité judiciare.
Décidée par François Mitterrand, bravant une opinion publique défavorable, au tout début de son premier septennat, l'interdiction de la peine de mort, votée le 10 octobre 1981, fait désormais consensus chez les parlementaires.
Jacques Chirac, qui avait fait partie des 11 députés RPR ayant voté l'abolition en 1981, avait décidé début 2006 de réviser la Constitution afin d'en consacrer le principe pour qu'il ne puisse pas être annulé par une simple loi.
Seul responsable du régime de Vichy condamné pour son rôle dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale il avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Gironde le 2 avril 1998 pour "complicité de crimes contre l'humanité", Maurice Papon avait été incarcéré fin 1999 après avoir été arrêté en Suisse où il avait fui.
Après trois ans de détention, il avait été libéré le 18 septembre 2002 pour raisons de santé, deux experts médicaux l'ayant déclaré "impotent" et "quasi-grabataire".
Marianne, on le sait, n'a pas épargné ses critiques à Alain Duhamel. Ses éditoriaux depuis quelques temps évoluaient plutôt vers une préférence pour Nicolas Sarkozy. Or nul n'aurait songé à le sanctionner pour cela. Quiconque en aurait eu l'idée que nous aurions nous-mêmes été indignés et pris sa défense.
Mais voilà, Alain Duhamel, lors d'une rencontre avec des étudiants de Science-Po en novembre dernier, interrogé sur François Bayrou, l'a durement critiqué, a précisé qu'il n'était pas d'accord avec le ton de sa campagne et sa mise en cause des médias, mais il a ajouté en substance : "ça ne me gêne d'autant moins de le dire, que malgré tout, je voterai sans doute pour lui".
Or, pour cela, Alain Duhamel est sanctionné et suspendu de toutes ses fonctions sur France Télévisions. Autrement dit, tous les journalistes que nous n'avons même pas besoin de citer, qui ne dissimulent pas leur sarkozysme militant, ont parfaitement le droit de manifester jour après jour leurs préférences mais le seul fait d'avoir incidemment, même de façon critique, il y a quatre mois laissé entendre qu'on pourrait à la rigueur voter Bayrou vaut exclusion et supension. Presque mise au ban.
Cela en dit long sur la mise en coupe réglée des médias, y compris ceux de service public, d'autant que l'on peut en revanche, impunément, comme la direction de l'information de TF1 l'a fait, manifester son hostilité totale au même François Bayrou.
Il est évident que cette fois nous sommes totalement solidaires d'Alain Duhamel.
Alain Duhamel annonce dans cette vidéo ci dessus qu'il votera pour François Bayrou.
La vidéo, postée par les jeunes UDF de Paris sur dailymotion, a été enregistrée le 27 novembre dernier lors d'une rencontre organisée par les mêmes jeunes UDF de Paris et l'UDF Science Po autour de Marielle de Sarnez, directrice de campagne de Bayrou, et d'Alain Duhamel.
C'est l'émission Arrêt sur images, de France 5, qui a relevé l'information.
A 3'10 exactement, Alain Duhamel explique que "c'est quelqu'un que j'aime bien et je voterai pour lui, pour dire les choses".
Le groupe pétrolier français Total a annoncer des bénéfices supérieurs au record de 12 milliards d’euros atteint en 2005 avec 12,59 milliards d'euros pour l’année 2006.
Au moment où se déroule le procès de l’Erika, cette annonce est indécente au regard de l’attitude du Premier groupe français qui pour le moment refuse, de prendre ses responsabilités dans l’une des plus graves marées noires de l’histoire.
En effet, le groupe Total porte une lourde responsabilité dans cette catastrophe écologique en ayant affréter le pétrolier Erika. Ce procès attendu depuis plusieurs années pose la question d’un principe élémentaire dit du pollueur/payeur.
Le groupe porte une responsabilité écologique dans cette marée noire, et la méprisante guerre juridique dans laquelle semble se murer le groupe Total est totalement insupportable.
Concernant les politiques vis-à-vis de s'il faut ou non taxer les profits des compagnies pétrolière :
Le projet du Parti socialiste prévoit un prélèvement exceptionnel sur les super-profits des compagnies pétrolières. Une taxe déjà levée sous le gouvernement Jospin, rappelle le socialiste Jean-Marc Ayrault. "En 1997, nous avons, à titre exceptionnel, demandé aux entreprises qui faisaient d'énormes bénéfices une contribution. Nous n'avons pas cassé la croissance. Au contraire, elle a été dynamique, elle a permis de créer deux millions d'emplois en cinq ans".
"Total a beaucoup gagné, Total doit payer !" Un couplet entonné en choeur par les candidats Buffet, Voynet, Laguiller et Besancenot. Mais aussi par le centriste François Bayrou. En tout cas, un de ses proches, Jean-Christophe Lagarde, plaide depuis plusieurs années pour cette taxe sur les super-profits pétroliers. "Comme tout cela est lié à l'évolution des cours pétroliers, je trouverais cela parfaitement légitime qu'on puisse demander une contribution, une taxe spéciale. Ca permettrait effectivement de soulager un peu la dette, c'est-à-dire ce qu'on fait payer à nos enfants".
Une idée qui fait bien rire l'UMP Pierre Lellouche. "En réalité, ce qu'il faudrait, c'est mettre les dirigeants de Total devant un peloton d'exécution, renationaliser et faire un grand soviet ! Arrêtons cette gué-guerre contre l'argent. C'est vrai qu'en dehors de la Corée du Nord et Cuba, tout le monde a compris ça quand même. Même les Chinois, même les Russes..."
Son candidat Nicolas Sarkozy juge "anormal" que les compagnies pétrolières ne répercutent pas assez la baisse des cours du pétrole. Mais son indignation n'est pas assez forte pour exiger un prélèvement sur ces super-profits.
La taxe exceptionnelle est réclamée par l'UFC que choisir depuis décembre 2005, ce qui "contribuerait au financement d'un plan Marshall pétrole", pour "aider les consommateurs à diminuer leur dépendance au pétrole", et "permettrait d’investir de 10 à 25 milliards d’euros sur 10 ans pour quatre axes prioritaires", explique l'Union des Consommateurs : "l’offre de transport collectif de proximité, l’aide à l’acquisition de moteurs économes, la relance du fret ferroviaire et la recherche développement dans les énergies alternatives".
Le tribunal correctionnel de Paris rendra le 15 mars son jugement dans l’affaire des caricatures de Mahomet, dans laquelle Philippe Val, directeur de publication de Charlie Hebdo, était poursuivi par la Grande Mosquée de Paris (GMP) et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Le procureur de la République, Anne de Fontette a requis la relaxe. « Ce n’est pas la foi en l’Islam qui a été stigmatisée par ces caricatures », a-t-elle affirmé. En ce qui concerne le prophète au turban, la magistrate a considéré que ce qui était mis en cause dans ce dessin, c’était « la dénaturation de l’utilisation de la religion musulmane qu’en font les intégristes ».
Entre la caricature et la censure, je choisis la caricature et apporte mon soutien à Charlie Hebdo.
Les dessins attaqués ne sont offensants que pour ceux qui s'y reconnaissent, en l'occurrence, ce qui était critiqué ici, c'était l'utilisation d'un discours islamiste pour justifier des actes terroristes.
Ce procès contre Charlie Hebdo est inquiétant, il montre que la laïcité est une valeur fragile.
Il aura fallu attendre la fin du mandat de Dominique Baudis à la tête du CSA pour connaître le nom de son successeur comme de ceux qui succéderont aux conseillers Philippe Levrier et Francis Beck. Jacques Chirac a ainsi nommé Michel Boyon, ancien patron de Réseau ferré de France, président du gendarme du PAF, tandis que Christian Poncelet, le président du Sénat, avait placé son ancien chef de cabinet Alain Méar.
La surprise est venue du côté du Palais Bourbon. Si Jean-Louis Debré a nommé Rachid Arhab, ancien présentateur du JT de France 2 et animateur de l’émission J’ai rendez-vous avec vous, qui remplacera Francis Beck, dernier conseiller à avoir été nommé par la gauche. Sa nomination ne saurait faire oublier - même si Dominique Baudis, lors de la présentation de ses voeux, a défendu l’indépendance de l’institution - qu’à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle la Chiraquie a voulu placer les siens.
Ainsi, si l’on met souvent en avant le fait que Michel Boyon est un fin connaisseur de l’audiovisuel pour avoir chapeauté la Maison ronde au milieu des années 1990 et livré un rapport sur la TNT, ce serait oublier qu’il a été chef de cabinet de Raffarin. Et surtout artisan, lorsqu’il travaillait auprès de François Léotard alors à la Culture, de la privatisation en 1986 de TF1.
Alors que Dominique Baudis peut s’enorgueillir du lancement de la TNT, les chantiers qui attendent le gendarme du PAF sont nombreux et urgents. En effet, se discute en ce moment le projet de loi sur la télévision du futur. Par ailleurs, alors que le CSA a livré au début du mois ses premières remontrances quant à la « bipolarisation excessive » constatée sur l’ensemble des médias à propos de la couverture de la campagne présidentielle, il lui faudra faire montre de fermeté pour que soit respectée cette règle plutôt floue qu’est l’équité, en attendant la stricte égalité à partir du 20 mars.
Les critiques sont légion à l’égard d’une institution que beaucoup considèrent comme mal née. Ainsi pour le député PS, Didier Mathus, il est « incroyable que l’autorité chargée de veiller à la diversité et au pluralisme ne peut se prévaloir de ces qualités ». Il a d’ailleurs déposé un projet de loi pour que « la majorité et l’opposition nomment chacun trois conseillers et que le président de la République désigne son président » tandis que le PCF milite pour la transformation du CSA en « Conseil supérieur des médias » associant professionnels et citoyens.
Sébastien Homer : Qu’est-ce qui vous a fait accepter ?
Rachid Arhab. On ne renonce pas facilement à son métier, à la relation quasi sentimentale que j’avais avec l’antenne et avec les téléspectateurs. Mais, depuis quelque temps, je me posais des questions sur mon rôle au sein de l’audiovisuel public. J’y ai occupé un certain nombre de places et, depuis peu, j’ai l’impression d’être sur un strapontin. Je me suis donc demandé comment agir autrement pour mon métier. Car, quand on est journaliste, on fait un boulot bizarre. C’est un des rares métiers où l’on « s’auto-régule » soi-mêmes, où tout est possible au risque de dérives. Où les évolutions technologiques font parfois oublier le fond. Au final, on appartient à une des rares professions où l’on ne réfléchit pas entre nous. C’est pourquoi j’ai accepté de faire partie de l’institution chargée de réguler l’audiovisuel, pensant que je pourrais y prendre le recul nécessaire afin de réfléchir avec des gens qui ne sont pas forcément journalistes. Tout en étant dans une position où, désormais, ma voix peut porter. Parce que, ce qui m’ennuie, c’est que, dans ce métier, c’est celui qui parle le plus fort qui a raison. Voilà pourquoi j’ai accepté, d’autant que j’ai un oeil critique sur la télé.
SH : N’avez-vous pas peur d’être une caution ?
Rachid Arhab. J’ai toujours refusé d’être l’Arabe de service, et je pense encore pouvoir me regarder dans la glace. Si, il y a trente ans, je m’étais demandé si j’avais la moindre chance de faire de la télé en m’appelant Rachid Arhab, j’aurais renoncé. Allons plus loin : si je n’avais pas été nommé, cela aurait été de la discrimination négative et si je le suis, ce serait de la discrimination positive ? C’est absurde. Le CSA est une institution qui se doit d’être impartiale et je ne compte pas être un alibi.
SH : Pensez-vous pouvoir agir au sein d’une institution trop souvent impuissante ?
Rachid Arhab. Laissez-moi le temps d’examiner des dossiers que je connais pour l’instant de l’intérieur.
L'Abbé Pierre (Henri Grouès de son vrai nom) est mort ce 22 janvier 2007 à l'âge de 94 ans. Il laisse derrière lui une vie de combat en faveur des plus pauvres.
En 1928 à 16 ans, après un " coup de foudre avec dieu " selon ses propres mots, il veut entrer dans les ordres franciscains, cependant il devra attendre d'avoir 17 ans et demi.
A 18 ans, il distribue son patrimoine et rejoint les Capucins, le plus pauvre des ordres mendiants.
Résistant actif sous l'Occupation (où il adopte son pseudonyme), l'abbé Pierre, s'engage dans la résistance où il aide des juifs à se cacher. Recherché par la Gestapo, il rencontre le général De Gaulle en 1943 à Alger.
Il choisit la politique à la Libération et est élu député jusqu'à sa démission en 1951. Il consacre ses indemnités parlementaires au financement des premières cités d'urgence.
En 1949, il fonde "Emmaüs" communauté de chiffonniers construisant des logements provisoires pour les "sans domicile".
Lors de l'hiver rigoureux de 1954, l'abbé Pierre lance à la radio un appel à "l'insurrection de la bonté" en faveur des sans-logis, déclenchant un vaste mouvement de solidarité. Il est également entendu par le Parlement qui, quelques semaines plus tard, décide de lancer un programme de 12000 logements d'urgence.
L'association d'Emmaüs s'internationalise et comprend de nombreuses communautés dans près de quarante pays. En 1988, il crée la "Fondation de l'abbé Pierre" pour le logement des défavorisés.
Revenu sur le devant la scène dans les années 80, il soutient Coluche et ses "Restaurants du coeur", martelant qu'"avoir faim à Paris est intolérable".
Promu Grand officier de la Légion d'Honneur en 1992, il repousse cette distinction avec fracas (il ne l'acceptera qu'en 2001) pour protester contre le refus du gouvernement d'attribuer des logements vides aux sans-logis, coup d'éclat qui contribue à faire appliquer la loi de réquisition. Aucune souffrance ne le laissait indifférent : en 1993, il écrit au président Mitterrand pour réclamer une intervention militaire en Bosnie-Herzégovine, où, dit-il, "les limites du crime sont dépassées". Trois ans plus tard, il provoque le désarroi chez ses proches en apportant son soutien au philosophe Roger Garaudy, auteur d'un livre révisionniste. Puis il s'explique et se repent.
Le 1er février 2004, cinquante ans après son appel pour "l'insurrection de la bonté", il réitère son appel, et s'engage avec Emmaüs pour un nouveau "Manifeste contre la pauvreté" dans un pays où il y a cinq millions d'exclus, dont un million d'enfants.
Toute sa vie durant, avec son franc-parler qui tranche avec le langage policé des autorités catholiques, l'abbé Pierre mène une croisade pour défendre les plus pauvres.
L'Abbé Pierre âgé de 94 ans est le défenseur des plus démunis et nul ne peut oublier qu'en hiver 1954, hiver glacial et meurtrier pour les sans-abri, l'Abbé Pierre lança une « insurrection de la bonté » et que l'Abbé Pierre lança un appel désormais célèbre sur les ondes de Radio-Luxembourg en faveur des SDF.
L’Abbé Pierre était une personne qui représentait le combat contre les injustices, le combat en faveur des plus démunis, il représentait l’humanité.
"Pendant la guerre, c'est en France que l'on a été le plus fraternel. "
C'est par ces mots que Simone Veil, ancien ministre et présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, a conclu la présentation qu'elle a faite de l'hommage que Jacques Chirac rend au Panthéon ce 18 janvier 2007 au nom de la nation aux 2725 Justes de France (héros non-juifs qui, par leurs actes, ont sauvé des juifs d'Europe pendant l'holocauste) et héros anonymes qui ont sauvé des milliers de juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Le chef de l'Etat a salué "avec respect et reconnaissance"les Français qui ont fait "le choix du bien"en aidant des juifs à échapper aux nazis.
La date du 18 janvier a été choisi car c'est le jour anniversaire de l'arrivée de l'Armée rouge à Auschwitz.
Simone Veil, la Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah explique les raisons pour lesquelles elle a proposé au Président de la République d’inscrire l’histoire des Justes au Panthéon, une histoire qu’elle désigne comme la « partie lumineuse de l’histoire de la Shoah ».
Actualité juive : Qu’est- ce qui vous a incitée à proposer à Jacques Chirac de rendre hommage aux Justes de France au Panthéon ?
Simone Veil : Il y a un peu plus d’un an, à la fin de l’année 2005, j’ai proposé au Président Jacques Chirac d’inscrire définitivement une page de l’Histoire de France du XXe siècle au Panthéon, ce lieu emblématique qui conserve la trace de ceux qui ont marqué notre histoire, qui méritent notre admiration et notre reconnaissance. Il importait en effet de rappeler l’action de ces nombreux Français, qu’ils aient été ou non reconnus officiellement comme Justes, qui ont désobéi aux lois et au gouvernement de Vichy et auxquels tant de Juifs de France doivent la vie. Je dois dire que le Président a tout de suite accueilli favorablement cette idée qui s’inscrit dans le droit-fil de l’ensemble des actions qu’il a menées depuis 1995 pour la reconnaissance de l’histoire de la Shoah.
A. J. : Pourquoi avez-vous proposé cet hommage aujourd’hui ?
S.V. : L’écriture de l’histoire de France de cette période a connu plusieurs phases, il importait donc pour moi d’être aussi près que possible de la réalité. Or, comme je l’ai toujours pensé, la France n’a été une nation ni de Résistants ni de « collabos » comme le film « Le Chagrin et la Pitié » semblait le laisser accroire et à l’époque, je me suis d’ailleurs opposée à cette version des événements. De plus, le sort des enfants cachés en particulier, depuis plusieurs années déjà, m’apparaît comme particulièrement douloureux. Et s’ils ont survécu sans jamais toutefois faire le deuil de leurs parents déportés, c’est parce qu’ils ont trouvé en France des hommes et des femmes qui leur sont venus en aide. Le moment était donc venu de rappeler, notamment aux jeunes générations, l’action de tous les Français qui ont eu un comportement exemplaire face aux persécutions dont les Juifs ont été l’objet.
A. J. : Cet hommage est-il destiné aux seuls Justes ?
S. V. : Il est destiné aux Justes reconnus par Yad Vashem mais pas seulement car le nombre de Français qui ont secouru les Juifs est bien supérieur à 2.740. Je vous rappelle aussi que la France est avec le Danemark, le pays où il y a proportionnellement le plus de Justes, et que les trois quarts des Juifs ont échappé à la déportation. Je tiens aussi à souligner que les Justes n’ont jamais attendu de récompense et que, souvent, ces sauveteurs sont même réfractaires à l’idée de se voir décerner ce titre, à la demande des personnes qu’ils ont sauvées.
A. J. : Imaginiez-vous que cette reconnaissance prendrait la forme d’un hommage solennel de la Nation ?
S. V. : En proposant de faire entrer cette histoire dans ce lieu, c’est bien l’importance de ces valeurs humaines de courage et de fraternité que j’espérais voir reconnue. Mais je ne m’attendais pas à trouver chez tous ceux qui ont participé à la préparation de cet événement un tel engagement, une telle adhésion et j’en ai été très émue. Face à ces pages terribles de l’histoire de l’Europe et de l’histoire de la France du XXe siècle, je souhaite que l’hommage ainsi rendu puisse constituer un rempart contre l’oubli, un signe de gratitude et un exemple pour tous.
A. J. : De quelle manière cet hommage s’inscrit-il dans le cadre du travail de mémoire réalisé par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ?
S. V. : La Fondation, grâce à la restitution des fonds dont les Juifs de France avaient été spoliés et à travers les projets qu’elle soutient en France et à l’étranger, contribue à approfondir et transmettre l’histoire de la Shoah, à aider les survivants à surmonter les traumatismes du passé et à adoucir leur vieillesse, à lutter contre l’antisémitisme et la xénophobie, à préserver aussi la culture juive et à s’en enrichir, enfin, à promouvoir un dialogue fécond entre les histoires respectives des Français afin de mieux nous comprendre et de tisser ensemble l’Histoire de France. C’est d’ailleurs à ce titre qu’un très grand nombre de projets émanant notamment des institutions juives, mais pas seulement, sont aujourd’hui soutenus par la Fondation. Mais notre exigence en matière d’histoire implique que nous fassions connaître tous les pans de cette histoire, de la plus sombre à la plus lumineuse. Et l’histoire des Justes est précisément cette partie lumineuse de l’histoire de la Shoah. Par cette proposition, nous avons donc répondu à un double impératif : rappeler le Mal absolu que fut la Shoah mais dire aussi qu’il y eut des hommes et des femmes qui refusèrent de se plier à la loi officielle de la haine pour n’obéir qu’à celle de leur conscience. Comme Zola, Schoelcher, Jaurès, Jean Moulin, Cassin, Malraux, ces grandes figures du Panthéon, les Justes incarnent la grandeur de la France.
A. J. : Comment pensez-vous que cet hommage sera compris ?
S. V. : J’espère que les Français d’aujourd’hui mais aussi de demain - car cette inscription et les explications historiques sur la Shoah qui l’accompagnent ont vocation à demeurer éternellement dans ce lieu - apprendront d’abord et surtout l’histoire, qu’ils seront ainsi vigilants devant les apôtres du négationnisme, de l’antisémitisme et du racisme. Dans le contexte contemporain, il m’a semblé important, tout en veillant à rester lucide en matière de lutte contre les actes et les propos antisémites, de rappeler qu’une majorité de Français n’ont pas collaboré avec l’occupant nazi et ses séides et que les trois-quarts des Juifs de France ont pu ainsi être sauvés. Ce sont les principes et la conduite exemplaire de ceux dont on ne connaîtra jamais tous les noms ni tous les visages qui seront désormais gravés dans la mémoire collective nationale et avec eux, la liberté d’avoir fait le choix de dire non à l’antisémitisme et au racisme.