Récemment, de nombreux producteurs de lait ont annoncé qu’en raison de la crise laitière, ils entamaient une grève du lait.
Depuis une dizaine d’années, le prix du lait est le fruit d’une négociation nationale entre les représentants des producteurs et les représentants des transformateurs. Fin 2007, c’était l’embellie. On produisait alors trop peu de lait. Les prix étaient assez élevés et les agriculteurs pouvaient s’en sortir. Mais en 2008, le gouvernement s’est abrité derrière la règlementation européenne pour décider qu’il devait désormais s’établir naturellement, sans accord négocié.
Or sans cours du lait établi au niveau national, le rapport de force entre d’une part, le secteur industriel et la grande distribution et d’autre part, les producteurs laitiers est bien trop défavorable aux producteurs. Par ailleurs, des mesures ont inversé la donne et d’une situation de sous-production, on est passé à une surproduction. En quelques mois, les agriculteurs ont vu les prix chuter. Dans le même temps, les consommateurs n’ont pas vu de différence sur le prix du lait et des laitages. Dans cette affaire tout le monde est perdant.
Le problème de fond est la surproduction laitière. Pour cela la fin des quotas laitiers, prévue à l’horizon 2015, est inquiétante. Leur principe mériterait d’être amélioré, mais leur abandon risque de conduire à une surproduction plus importante encore qui empêcherait certains producteurs d’écouler leur lait sur le marché.
C'est sous le gouvernement socialiste où à l'époque Laurent Fabius était Premier ministre que les quotas laitiers ont été créés en 1984. C’est également sous un gouvernement socialiste, celui de Lionel Jospin, en 1999, que le gouvernement français a résisté à la Commission européenne qui proposait de les abandonner. Mais c’est sous des gouvernements de droite, que les ministres de l’agriculture Gaymard et Barnier ont signé et parachevé la fin programmée des quotas laitiers.
Alors que les éleveurs français devraient se sentir soutenus par Bruno Le Maire, le Ministre de l’Agriculture et futur candidat de l'UMP aux élections régionales en Haute Normandie, celui-ci, sitôt nommé, s’est dit en accord avec l’objectif de suppression des quotas laitiers pour 2015. Le ministre a beau jeu de défendre aujourd’hui le gel à court terme de l’augmentation des quotas, dans la mesure où il plaide à leur disparition à long terme !
L’implacable machine à broyer les élevages laitiers s’est donc mise en route, avec l’assentiment de la droite. Cette logique du prix bas conduira à concentrer la production dans les exploitations et les régions les plus compétitives et à sacrifier les exploitations petites et moyennes, ainsi que les régions défavorisées.
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