Noir Désir est né à Bordeaux en 1980, de la rencontre de deux copains de lycée, Bertrand Cantat et Serge Teyssot-Gay, rejoints l'année suivante par Denis Barthe, puis Frédéric Vidalenc (remplacé quelques années plus tard par Jean-Paul Roy).
Noir Désir, unique formation française à avoir su dignement porter la désignation de « groupe de rock », précieux représentant french de ce mouvement dans le monde entier, et, surtout, dernière union musicale à avoir su garder l’esprit intelligemment et authentiquement rebelle. Nul besoin de rappeler que, depuis leurs débuts bordelais en 1980, les « Noir Dés’ » ont tracé leur route sans concession, s’engageant fortement dans le débat politique, n’hésitant pas à s’accorder aux modes pour mieux les singer (on se souvient du clip « Un homme pressé » qui ridiculisait les boys band) et s’impliquant activement dans des causes aussi vastes que les travailleurs immigrés, les Indiens du Chiapas ou la lutte contre la mondialisation et son symbole, Jean-Marie Messier. Le tout en recourrant de façon très disparate aux médias, dont ils n’ont jamais cherché l’aval.
Les brillants Denis Barthe (batteur), Serge Teyssot-Gay (guitariste) et Jean-Paul Roy (bassiste) forment la base du groupe. Mais la locomotive, c’est bien évidemment Bertrand Cantat, le Jim Morrison à la française dont l’aura n’a d’égale que son talent. Poète maudit à la Rimbaud, penseur mélancolique à la Hemingway, le révolté lyrique de la fin du siècle réalise son premier tube en écrivant « Aux sombres héros de l’amer » en 1989. Suivront plus de quinze années de succès, avec une Victoire de la Musique en 1998 et six albums dont le dernier, « Des visages et des figures » se vendra à un million d’exemplaires. Le monde entier les acclame, de Mexico où ils donnent un concert mémorable, au Japon, où chacun des musiciens est devenu une icône. De périodes d’excès en ères d’hibernation, Noir Désir réussit à toujours tenir ses propres rênes… jusqu’à « l’affaire Trintignant », qui, à l’été 2003, sonna le glas de ce groupe déjà culte.
Septembre 2005, sortie de l’album « Noir Désir en public » issue de la tournée suivant l’album « Des visages et des figures ». La peine de prison infligée à un artiste reconnu coupable d'un crime n'annule pas son oeuvre. C'est pourquoi la sortie, accompagnée de l'inévitable déferlement de publicité, d'un nouveau CD de Noir Désir est un événement qui doit, autant que faire se peut, relever du strict domaine de l'industrie musicale.
Souvenons nous de la lettre adressée à Jean-Marie Messier, lue par Bertrand Cantat lors des 17ème Victoires de la Musique le 9 mars 2002.
« Camarade P.D.G
Tu permets que je t’appelle camarade ? Je suis obligé de te tutoyer par la même occasion, c’est d’usage. Et puis c’est mieux que Ô grand Jean-Marie Messier commandeur des communicants et puis des autres aussi par la grâce de la sainte trinité ; Ramification, Absorption, et Profit. Tu n’es pas le seul mais disons qu’on te voit beaucoup.
Et puis t’es pas comme ça, toi ? Toi tes intentions sont pures ; le bonheur pour tous dans le meilleur des mondes. Toi tu respectes les artistes, surtout les rebelles hein, pas ceux préfabriqués et formatés par l’industrie et pour l’industrie.
Fantastique ! Mais il te reste tout à prouver : que tu défends la culture au pluriel et pas seulement parce que « le profit n’a pas d’odeur », que les petits labels et les petits disquaires pourront survivre à une telle hégémonie (le raz de marée Universal) , que tu ne sépares pas le monde entre bergers actionnaires et moutons payeurs, sachant que les bergers ont parfois des têtes de mouton et vice-versa. Il te reste aussi à prouver que tu n’es pas le roi du dégraissage de personnel et qu’une de tes missions principales est de rééquilibrer les échanges culturels et commerciaux entre l’Europe et les Etats-Unis. Tu as dit sur France Inter début janvier qu’un disque sur quatre partait à l’exportation. Selon toi c’est le cas de Noir Désir, de Zebda soit disant. Merveilleux mais entièrement faux, camarade patriote, chiffres à l’appui. J’en passe et des meilleures sur l’utilisation que tu fais de notre nom, entre autres.
Pour finir, saches que si tes pilules sont trop amères, tu trouveras d’autres que nous pour les faire passer.
Nous n’avons pas demandé à faire partie de ce grand « Tout » que tu diriges, que tu manipules, que tu récupères : critiques, médias, missives comme la présente y compris. Allez, Salut à toi Camarade P.D.G de la Nouvelle Internationale d’Universal, nous ne sommes pas dupes de ton manège, et si nous sommes tous embarqués sur la même planète, on n’est décidément pas du même monde. »
http://coeur-a-gauche.forumactif.com/viewtopic.forum?p=8160#8160
http://noir-desir.forumactif.com/viewtopic.forum?p=27269#27269