La scolarisation des enfants handicapés, objet d’un vif affrontement entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy durant la campagne électorale, va progresser cette année. Environ 38.000 élèves supplémentaires devraient être accueillis dans les écoles, a annoncé récemment Xavier Darcos, le ministre de l'Education nationale.
Parmi eux, 10.000 bénéficieront d’un accompagnement individuel. Ainsi, environ 170.000 élèves handicapés devraient être accueillis, en majorité dans le primaire, contre 89.000 en 2002.
Au niveau des associations, si elles notes la bonne volonté du ministère, elles préfèreraient au delaà de l'aspect quantitatif, l'aspect qualitatif car les auxiliaires de vie scolaire (AVS) qui accompagneront les enfants seront formés en seulement trois semaines.
Le ministre de l’Education est revenu sur les efforts financiers consentis cette année par l’Etat pour rattraper le retard, en collaboration avec le ministère du Travail et de la Solidarité. «Pour accomplir la promesse présidentielle», a souligné Xavier Darcos, faisant allusion au débat télévisé qui avait donné lieu à une empoignade sur le handicap entre les deux candidats, quelque 2700 postes d’AVS, formés pour aider les handicapés, ont été créés.
Par ailleurs, 200 Unités pédagogiques d’intégration ont été mises en œuvre au sein des établissements du second degré. Pour aider les familles dans leurs démarches, un numéro Azur a été installé ( 0810 55 55 00 ).
«Je l’ai testé, il fonctionne parfaitement : jusqu’à ce que je lui dise qui j’étais, la personne a parfaitement répondu à mes questions», a expliqué Xavier Darcos.
Simultanément à cette annonce, on apprenait un jugement qui fera date. La cour administrative d’appel de Paris a confirmé la condamnation de l’Etat pour la non-scolarisation d’un enfant handicapé. Il souffrait des suites d’une grave méningite. Son état s’aggravant, à partir de mai 2002, il n’a plus été accueilli qu’ «une journée par semaine dans un institut médico-éducatif parisien, ses parents devant le garder le reste du temps à leur domicile». La cour d’appel, se fondant notamment sur la loi Handicap de février 2005, a estimé que l’Etat «avait obligation légale d’offir aux enfants handicapés une prise en charge éducative».
"Le ministère de l'Education fait preuve de bonne volonté", mais "ce qui nous intéresse au-delà de l'aspect quantitatif, c'est l'aspect qualitatif", explique à l'Associated Press Nicolas Corato de l'APAJH (Association pour adultes et jeunes handicapés). Le ministère "donne des chiffres d'enfants scolarisés, sans préciser le temps de réel de scolarisation: deux heures par semaine compte pour un enfant dans les statistiques, mais sur le terrain on ne peut pas parler de scolarisation", observe-t-il.
Et si les crédits sont "débloqués" pour les AVS, "les postes (existants) ne sont pas pourvus", déplore Nicolas Corato. "On a du mal à pourvoir les AVS nécessaires faute de candidats".
Une difficulté soulevée également par l'UNAPEI (Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis). "Sur le principe, c'est une bonne chose. On ne peut que s'en féliciter, mais ce sont des objectifs extrêmement ambitieux que de recruter 2700 personnes en période de vacances et de les former en trois semaines", note Laurent Cocquebert, directeur général de l'UNAPEI. "Il faut accueillir cet engagement avec prudence".
"Ces chiffres en tant que tels constituent un avancée pour couvrir l'ensemble des besoins des enfants", estime le conseiller national à l'éducation de l'Association des paralysés de France (APF) Philippe Millet. Mais un AVS, "c'est un vrai travail, une vraie profession" qui nécessite une formation solide.
L'APF soulève également l'absence de formation des enseignants à l'accueil des enfants handicapés en milieu scolaire et le manque d'enseignants référents, qui assurent la coordination entre professeurs et familles d'enfants handicapés. Globalement, "il y a un manque d'évaluation des problèmes et de concertation sur les besoins des enfants", constate l'APF.
Interrogés sur le droit opposable, les différents responsables de ces associations se sont montrés sceptiques. Face à la possibilité de saisir la justice pour faire valoir ce droit, elles notent que "le temps de la justice n'est pas celui de l'école".D'après : http://www.liberation.fr & http://tempsreel.nouvelobs.com
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