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20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 12:46


La pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans" vient de dépasser les 100 000 signatures. Ce texte, lancé en janvier par des organisations de psychiatres, psychologues et pédiatres, s'oppose au plan gouvernemental de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des "troubles comportementaux" chez l'enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance.

 

Voici le texte :

 


Le gouvernement prépare actuellement un plan de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l'enfant dès le plus jeune âge, censés annoncer un parcours vers la délinquance comme l’expertise de l'INSERM.
Les professionnels sont invités à repérer des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés au tempérament et à la personnalité. Pour exemple sont évoqués à propos de jeunes enfants « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d'héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Le rapport insiste sur le dépistage à 36 mois des signes suivants : « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas »…

Devant ces symptômes, les enfants dépistés seraient soumis à une batterie de tests élaborés sur la base des théories de neuropsychologie comportementaliste qui permettent de repérer toute déviance à une norme établie selon les critères de la littérature scientifique anglo-saxonne. Avec une telle approche, le moindre geste, les premières bêtises d'enfant risquent d'être interprétés comme l'expression d'une personnalité pathologique qu'il conviendrait de neutraliser au plus vite par une série de mesures associant rééducation et psychothérapie. A partir de six ans, l'administration de médicaments, psychostimulants et thymorégulateurs devrait permettre de venir à bout des plus récalcitrants. L'application de ces recommandations n'engendrera-t-elle pas un formatage des comportements des enfants, n'induira-t-elle pas une forme de toxicomanie infantile, sans parler de l'encombrement des structures de soin chargées de traiter toutes les sociopathies ?

L'expertise de l'INSERM, en médicalisant à l'extrême des phénomènes d'ordre éducatif, psychologique et social, entretient la confusion entre malaise social et souffrance psychique, voire maladie héréditaire.

En stigmatisant comme pathologique toute manifestation vive d'opposition inhérente au développement psychique de l'enfant, en isolant les symptômes de leur signification dans le parcours de chacun, en les considérant comme facteurs prédictifs de délinquance, l'abord du développement singulier de l'être humain est nié et la pensée soignante robotisée. Au contraire, plutôt que de tenter le dressage ou le rabotage des comportements, il convient de reconnaître la souffrance psychique de certains enfants à travers leur subjectivité naissante et de leur permettre de bénéficier d'une palette thérapeutique la plus variée.

Pour autant, tous les enfants n'en relèvent pas et les réponses aux problèmes de comportement se situent bien souvent dans le domaine éducatif, pédagogique ou social.

Cette expertise INSERM intervient précisément au moment où plusieurs rapports sont rendus publics au sujet de la prévention de la délinquance.

On y lit notamment des propositions visant à dépister dès les trois premières années de leur vie les enfants dont l'« instabilité émotionnelle (impulsivité, intolérance aux frustrations, non maîtrise de notre langue) (va) engendrer cette violence et venir alimenter les faits de délinquance ».

On assiste dès lors, sous couvert de « caution scientifique », à la tentative d'instrumentalisation des pratiques de soins dans le champ pédopsychiatrique à des fins de sécurité et d'ordre public. Le risque de dérive est patent : la détection systématique d'enfants « agités » dans les crèches, les écoles maternelles, au prétexte d'endiguer leur délinquance future, pourrait transformer ces établissements de lieux d'accueil ou d'éducation en lieux de traque aux yeux des parents, mettant en péril leur vocation sociale et le concept-même de prévention.

 

Professionnels, parents, citoyens, dans le champ de la santé, de l'enfance, de l'éducation, etc. :
- Nous nous élevons contre les risques de dérives des pratiques de soins, notamment psychiques, vers des fins normatives et de contrôle social.
- Nous refusons la médicalisation ou la psychiatrisation de toute manifestation de mal-être social.
- Nous nous engageons à préserver dans nos pratiques professionnelles et sociales la pluralité des approches dans les domaines médical, psychologique, social, éducatif… vis-à-vis des difficultés des enfants en prenant en compte la singularité de chacun au sein de son environnement.
- Nous en appelons à un débat démocratique sur la prévention, la protection et les soins prodigués aux enfants, dans un esprit de clarté quant aux fonctions des divers acteurs du champ social (santé, éducation, justice…) et quant aux interrelations entre ces acteurs.


Lien : http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/
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commentaires

P
Nous sommes plus de 181 000 à avoir signé l'appel "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans". Notre critique à l’égard des conclusions du rapport de l’Inserm, notre refus de son instrumentalisation politique ont été largement diffusés par les signataires et par la presse. La contestation du caractère scientifique de ce rapport se généralise et le débat de société s’est engagé. Cependant les dernières annonces gouvernementales sur le projet de loi de prévention de la délinquance sont autant d’alertes qui incitent à poursuivre notre mouvement.<br />  <br /> Qu’avons-nous fait depuis janvier ?<br /> Informé le public :<br /> - par une conférence de presse le 21 mars 2006 très relayée dans les médias (cf. le dossier sur le site, page d’accueil rubrique « initiatives » et l’écho dans la presse, rubrique « articles de presse, médias »), <br /> - par plusieurs communiqués de presse (cf. sur le site).<br /> Sollicité les instances concernées :<br /> - demande de rendez-vous au premier ministre (entrevue prévue le 23 mai), <br /> - demande de rendez-vous aux groupes parlementaires (en cours), <br /> - demande de rendez-vous au directeur général de l’Inserm (pas de réponse),<br /> - saisine du Comité consultatif national d’éthique, qui a accepté de l’examiner (cf. à ce sujet l’article L'expertise médicale, otage de l'obsession sécuritaire, par Didier Sicard et Jean-Claude Ameisen – Le Monde du 23 mars 2006).<br /> Fédéré de nombreux acteurs :<br /> par la mise en réseau et l’_expression du soutien de multiples organismes : sociétés savantes, associations, syndicats,… dans les milieux de la santé, de la petite enfance, de l’éducation, de l’action citoyenne.<br />  <br /> Quelles initiatives en cours de réalisation ?<br /> Nous publions un ouvrage collectif chez Erès, « Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans »  qui sortira en librairie le 8 juin 2006 (cf. visuel sur le site, rubrique « initiatives »).<br /> Nous organisons un colloque pour mener le débat scientifique et de société, qui se tiendra samedi 17 juin 2006 à Paris (cf. programme et bulletin d’inscription sur le site, rubrique « initiatives »).<br />  <br /> Et du côté du projet de loi de prévention de la délinquance ?<br /> Les propos tenus à l'Assemblée nationale par le ministre de l'intérieur le 10 mai dernier, lors de la présentation du plan national de prévention de la délinquance (http://www.assemblee-nationale.fr/12/cr-cloi/05-06/c0506042.asp#TopOfPage) indiquent qu'il persiste malgré tout à vouloir "déceler les troubles du comportement" avec "des rendez-vous fixes, à trois ans, à six ans", dans le cadre de la prévention de la délinquance, et qu'il continue d’évoquer l'hypothèse d'un "cahier de suivi comportemental de l'enfant". Si ce projet de loi de prévention de la délinquance est présenté, nous vous informerons de son contenu et vous ferons part des initiatives que nous pourrions prendre auprès des autorités publiques, avec votre soutien, dans l'esprit de l'appel "Pasde0deconduite".<br />  <br /> Nous vous invitons à vous rendre régulièrement sur le site <br /> www.pasde0deconduite.ras.eu.org, où nous nous efforçons de tenir à jour les informations pour suivre le développement du mouvement autour de « Pasde0deconduite ».
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M
C'est du n'importe quoi vraiment ! Signé...N. Sarkozy biensûr ! LOL ! Des enfants de 3 ans, mdr !
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N
Merci pour les détails. J'avais entendu parler de cela mais j'avais pas tous les éléments. C'est vraiment de la science fiction. Je m'en vais de ce pas signer la pétition.Bonne soirée
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K
ils sont fous ses gaulois !! ils ont trop regardè "minority report" ! à quand les prisons pour enfants de 10 ans comme en angleterre ! 
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F
J'ai signé la pétition et j'ai fait aussi un article sur ce sujet. Ce genre de rapport est inutile et la population s'insurgera toujours contre cela. Ce n'est pas dans notre culture de penser ce qui est écrit dans ce rapport.
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A propos de l'auteur

Arnaud MOUILLARD

 

Educateur Spécialisé.

 

Ancien jeune correspondant au journal l'Humanité.

 

Blogueur membre du collectif de blogueur de gauche #LeftBlogs.

 

RDV sur mon nouveau Blog : http://arnaudmouillard.fr

 

contact : hern276@yahoo.fr