Arnaud MOUILLARD, Educateur spécialisé. Blogueur membre des #LeftBlogs
Par Arnaud Mouillard
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP: "Qu'une très grande entreprise française fasse des bénéfices en période de crise, ça ne peut être qu'une bonne nouvelle. 13 milliards de bénéfices, ça veut dire environ 13 milliards d'impôts sur les sociétés pour l'État." (déclaration faite au Point.fr)
D'où viennent ces chiffres? Correspondent-ils à la réalité?
Les comptes 2008 publiés jeudi indiquent que la charge d'impôt de Total est de 14,1 milliards d'euros. Ce qui veut dire que le groupe pétrolier s'attend à payer 14,1 milliards d'impôt sur les sociétés au titre de l'année 2008. Mais à qui Total va payer ses impôts? Aux Etats dans lesquels ses filiales réalisent des bénéfices (une pratique normale: une entreprise ne paie pas deux fois des impôts). Mais, là, on entre dans un terrain inconnu. Total (comme les autres entreprises) ne communique pas sa charge d'impôt pays par pays.
Seul indice, un indicateur par secteur: les "impôts du résultat opérationnel net". Ils sont de 14,5 milliards d'euros pour l'amont, de 143 millions pour l'aval. Quant au secteur de la chimie, déficitaire, sa charge d'impôt est négative: de 76 millions (ce qui veut dire que Total n'a pas à payer d'impôt dans ce secteur, et pourra récupérer cet argent pour les futurs exercices bénéficiaires. Mais de toute façon, ce montant est négligeable).
Pas besoin d'être un expert de la chose pétrolière pour savoir que l'amont est localisé hors de France. Ce qui veut dire que les impôts de la multinationale sont donc versés presque en totalité l'étranger.
Conclusion immédiate, Lefebvre a dit n'importe quoi. L'Etat français ne va pas toucher 13 milliards de la part de Total sous forme d'impôt sur les sociétés. Il devrait recevoir une somme largement inférieure à 500 millions d'euros.
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