Le jugement d’Aung San Suu Kyi a été annoncé mardi 11 août à Rangoun. Trois ans de prison, peine que le chef de la junte Than Shwe, voulant paraître clément, a divisé par deux. Il s’agit tout de même de la fille du leader de la libération nationale (la Birmanie était colonisée par les Anglais). Un an et demi de plus isolée dans sa résidence surveillée suffisent pour que son aura politique n’entrave pas le vote d’une constitution, rendant par la suite la résistance démocratique impossible. "Merci pour le verdict", ironise la condamnée qui à 64 ans a déja connue 14 privée de liberté,
En enfermant sa principale opposante plus longtemps, l’armée l’écarte en vue des prochaines élections, censées rendre la dictature légitime. Car cette femme pacifiste, malgré son petit gabarit et sa santé fragile, effraye le régime militaire birman. Au pourvoir depuis 1962, il avait essuyé contre elle une lourde défaite électorale en 1990. Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, avait alors obtenu 80% des voix. Scrutin qui n’a pas vraiment comblé de joie les généraux qui depuis lors, musèlent la dissidente.
Le parti d’opposition non violente, qu’elle a créé en 1988, remporte en effet l’adhésion de la population. Avant même son succès électoral, la junte l’avait déjà assignée à résidence, en 1989, en vertu d’une loi protégeant l’Etat des "éléments subversifs". Lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, la "Dame de Rangoon" est devenue un symbole de la résistance pour les partisans de la démocratie. Mais son isolement forcé l’empêche de concrétiser leur espoir.
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