4 janvier 2007
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Article de Jean-Pierre Dubois, Président de la Ligue des droits de l'Homme
Dans la corbeille de vœux du président de la République, cette année, un joli cadeau miroite à nos oreilles : le « droit au logement opposable ».
Que Jacques Chirac reprenne à son compte cette ancienne revendication de bien des associations - dont la LDH - ne peut a priori que nous réjouir.
Mais pour que la corbeille de vœux ne soit pas qu’une de ces promesses qui, on le sait, « n’engagent que ceux qui les écoutent », il faudrait que bien des choses changent dans notre pays.
Chaque hiver, il faut ouvrir la nuit des stations de métro pour que les SDF ne meurent pas trop nombreux dans nos rues.
Trois millions de personnes sont sans logement ou mal logées, un million hébergées chez des tiers faute de pouvoir se loger elles-mêmes, et près de six millions « en situation de fragilité » par rapport à la conservation de leur logement actuel.
Les SDF sont des centaines de milliers, dont plus de 25 % de femmes... et plus d’un tiers d’ouvriers ou d’employés, de « travailleurs pauvres » dont le salaire ne permet même plus de se loger dans une chambre de bonne. Rien de tout cela n’est dû au hasard.
Les moyens consacrés par l’État aux territoires en difficulté, aux banlieues et aux quartiers populaires diminuent chaque année.
Et la loi « Solidarité et renouvellement urbains » du 13 décembre 2000, qui impose aux communes construisant moins de 20 % de logements sociaux de payer une contribution de solidarité, est violée par la moitié des communes concernées.
En revanche, à l’automne 2005, le président de l’Union nationale de la propriété immobilière a proposé un « bail nouvelle location » avec pouvoir au propriétaire de mettre le locataire dehors à tout moment avec un préavis de trois mois... pour aider bien entendu à résoudre la crise du logement en incitant les propriétaires à louer davantage, comme l’« assouplissement du Code du travail » proposé par le MEDEF créerait, paraît-il, plus d’emplois...
Laurence Parisot nous avait prévenus en août 2005 : « La vie est précaire, l’amour est précaire, la santé est précaire, pourquoi le travail ne serait-il pas précaire ? »
La France a les moyens d’en finir avec cette situation indigne.
Appliquer les lois en vigueur, dégager les moyens d’une vraie politique du logement social, en particulier dans les quartiers en difficulté, n’a rien d’impossible si la volonté politique n’en reste pas aux beaux discours.
Le droit au logement peut devenir « opposable » demain, mais il y faudra plus qu’un coup de chapeau présidentiel un soir de réveillon : un changement profond de politique. Pour retrouver le sens de l’égalité et de la solidarité.