Brigitte Wieser, membre de Réseau éducation sans frontières de Paris, dénonce les arrestations à proximité des Restos du coeur.
Entretien réalisé par Émilie Rive
Emilie Rive : Vous dénoncez des rafles systématiques à République, à Paris. Que s’est-il passé ?
Brigitte Wieser : Mardi soir, nous avons été alertés par des sans-papiers. La police ratissait les couloirs du métro République. Nous avons essayé de discuter, mais les policiers ne faisaient « qu’exécuter les ordres de la commission rogatoire du procureur de la République ». Ce qu’il y avait de particulier, dans cette rafle, c’est qu’elle avait lieu au moment où les sans-papiers les plus démunis venaient chercher un ravitaillement aux Restos du coeur du quartier. Nous avons appris, à cette occasion, qu’il y a quinze jours, la police s’était déployée sur la place. Les sans-papiers ne s’étaient pas approchés et le Resto du coeur n’avait servi que cent cinquante repas sur les sept cents qu’il assure les mardis, jeudis et samedis. Cela veut dire que les distributions de repas deviennent un piège, le gouvernement cible, une fois de plus, les gens les plus pauvres, les plus démunis. Ceux qui viennent chercher ces repas y allaient en confiance.
ER : Comment avez-vous pu réagir ?
Brigitte Wieser : Après avoir tenté de discuter, la situation est devenue un peu plus chaude. Il y a eu des slogans lancés, des tentatives d’empêcher les fourgons de partir, la police a rameuté ses maîtres-chiens... Il y a eu du frottement un peu « physique ». Les passants n’ont pas réagi comme lors des rafles à Belleville où la population du quartier ne laisse pas les choses se faire comme si de rien n’était.
ER : Comment expliquer un tel choix ciblé ?
Brigitte Wieser : On pense que l’action vis-à-vis du Resto du coeur s’explique par la volonté affirmée de faire du chiffre, comme d’habitude, sans s’embarrasser de principes, dans la droite ligne de la circulaire du 20 février 2006 qui a été dénoncée au Conseil d’État, mais aussi à cause de la proximité de la permanence de Nicolas Sarkozy. Nous avons demandé au préfet de police de ne pas interdire les Restos du coeur aux sans-papiers. Nous n’avons pas eu de réponse, pas plus que les Restos du coeur quand ils avaient protesté après la première opération.
Nous sommes dans une période d’accélération des expulsions, d’arrestations de parents...