2 mai 2007
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13:28
Article de Raphaël Anglade
Il est amusant d’observer les réactions suscitées par le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou. Tout d’abord la réaction ulcérée de Nicolas Sarkozy, qui a bel et bien tout mis dans la bataille pour empêcher ce débat, ce que d’ailleurs Jean Jacques Bourdin a reconnu : "Nous avons eu quelques pressions... mais nous avons résisté."
Du coup, sa colère lui a fait commettre quelques petits dérapages, du style (vu sur toutes les télévisions de France : "Y en a qui sont à bavasser dans un grand hôtel parisien, pendant que moi je suis là, sur le terrain...".
Et le même de se plaindre qu’on essaye de lui voler "son" deuxième tour... Puis, le lendemain, après avoir constaté avec soulagement que Bayrou ne s’était pas rallié et enregistré le débauchage de deux nouveaux députés UDF : "Ce débat (...) est contraire à l’esprit de nos institutions. (...) Il a apporté le flou et la confusion là où les Français attendaent de la clarté"... Il y a eu aussi la difficulté de l’AFP (notoirement Sarkozyste) à rendre compte de ce débat hors norme.
Cherchant désespérément à savoir si M. Bayrou était en train de négocier son ralliement ou de rester à droite, les pauvres journalistes ne savaient pas comment rendre compte d’un débat fin, nuancé, dense, profond.
Du coup, les dépéches qui tombaient donnaient toutes les sentiment d’un débat traditionnel "accrochage Bayrou / Royal sur les 35 heures !", "accord Bayrou / Royal sur les institutions"... Tellement loin de ce qui se jouait là... Il y eut ensuite la difficulté des chroniqueurs et éditorialistes à rendre compte de l’événement.
C’était quoi, au fond, ce débat ? Sans négociation ni ralliement, à quoi bon se parler ? Eh bien pour cela, justement. Pour revenir aux sources de la démocratie. Pour échanger sans prompteur, sans tribune, sans effet de manche. Pour montrer que l’adversaire n’est pas un ennemi. Que la discussion fait avancer les deux parties. Pour montrer qu’en face, ce ne sont pas des monstres.
Qu’il n’y a pas un continent noir et un continent blanc, mais un même continent et des sensibilités différentes. L’auteur de ces lignes n’est pas stupide.
Bien sûr Ségolène Royal voulait montrer à tous les électeurs centristes qu’elle était capable de dialoguer avec les centristes et qu’il y avait de véritables points d’accord.
Bien sûr François Bayrou a pu, ainsi, apporter un subtil soutien à celle des deux candidats qui lui semble moins dangereuse pour la République, à défaut de partager ses idées économiques... et il a pu le faire sans se renier. Mais ces démarches politiques (politiciennes, diront les adversaires) ont été faites d’une manière précise : en donnant une leçon de démocratie.
Pas de maroquin à la clé. Pas de ralliement. Juste une conversation politique. Juste un échange vif, intelligent. Respectueux. Le plus surprenant, finalement, est que ce débat soit devenu si surprenant. Où en sommes-nous arrivés si cette illustration du dialogue démocratique perturbe à ce point les puissances en place ?
Il est amusant d’observer les réactions suscitées par le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou. Tout d’abord la réaction ulcérée de Nicolas Sarkozy, qui a bel et bien tout mis dans la bataille pour empêcher ce débat, ce que d’ailleurs Jean Jacques Bourdin a reconnu : "Nous avons eu quelques pressions... mais nous avons résisté."
Du coup, sa colère lui a fait commettre quelques petits dérapages, du style (vu sur toutes les télévisions de France : "Y en a qui sont à bavasser dans un grand hôtel parisien, pendant que moi je suis là, sur le terrain...".
Et le même de se plaindre qu’on essaye de lui voler "son" deuxième tour... Puis, le lendemain, après avoir constaté avec soulagement que Bayrou ne s’était pas rallié et enregistré le débauchage de deux nouveaux députés UDF : "Ce débat (...) est contraire à l’esprit de nos institutions. (...) Il a apporté le flou et la confusion là où les Français attendaent de la clarté"... Il y a eu aussi la difficulté de l’AFP (notoirement Sarkozyste) à rendre compte de ce débat hors norme.
Cherchant désespérément à savoir si M. Bayrou était en train de négocier son ralliement ou de rester à droite, les pauvres journalistes ne savaient pas comment rendre compte d’un débat fin, nuancé, dense, profond.
Du coup, les dépéches qui tombaient donnaient toutes les sentiment d’un débat traditionnel "accrochage Bayrou / Royal sur les 35 heures !", "accord Bayrou / Royal sur les institutions"... Tellement loin de ce qui se jouait là... Il y eut ensuite la difficulté des chroniqueurs et éditorialistes à rendre compte de l’événement.
C’était quoi, au fond, ce débat ? Sans négociation ni ralliement, à quoi bon se parler ? Eh bien pour cela, justement. Pour revenir aux sources de la démocratie. Pour échanger sans prompteur, sans tribune, sans effet de manche. Pour montrer que l’adversaire n’est pas un ennemi. Que la discussion fait avancer les deux parties. Pour montrer qu’en face, ce ne sont pas des monstres.
Qu’il n’y a pas un continent noir et un continent blanc, mais un même continent et des sensibilités différentes. L’auteur de ces lignes n’est pas stupide.
Bien sûr Ségolène Royal voulait montrer à tous les électeurs centristes qu’elle était capable de dialoguer avec les centristes et qu’il y avait de véritables points d’accord.
Bien sûr François Bayrou a pu, ainsi, apporter un subtil soutien à celle des deux candidats qui lui semble moins dangereuse pour la République, à défaut de partager ses idées économiques... et il a pu le faire sans se renier. Mais ces démarches politiques (politiciennes, diront les adversaires) ont été faites d’une manière précise : en donnant une leçon de démocratie.
Pas de maroquin à la clé. Pas de ralliement. Juste une conversation politique. Juste un échange vif, intelligent. Respectueux. Le plus surprenant, finalement, est que ce débat soit devenu si surprenant. Où en sommes-nous arrivés si cette illustration du dialogue démocratique perturbe à ce point les puissances en place ?