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12 mai 2006 5 12 /05 /mai /2006 21:18

Le ministre de l’Intérieur s’apprête à réformer l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, en privilégiant le répressif au détriment de l’éducatif.

Nicolas Sarkozy s’apprête à entamer une réforme de l’ordonnance de 1945. Ce thème, sera l’un des points cruciaux du plan de prévention de la délinquance que le ministre de l’Intérieur a présenté recemment devant les commissions des Lois et des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, avant passage en Conseil des ministres à la mi-juin. Nicolas Sarkozy promet un toilettage « en profondeur ». Les professionnels de la justice des mineurs et de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) tirent la sonnette d’alarme.

Petit rappel de l’ordonnance 45 :

L’ordonnance de 1945 est un texte fondateur. Élaboré à la demande de résistants français qui avaient découvert, en prison, l’horreur des bagnes pour enfants, il régit la responsabilité pénale des mineurs. En posant, comme principe, la primauté des réponses éducatives sur l’enfermement. « La France n’est pas assez riche d’enfants pour en négliger un seul », souligne ainsi l’exposé des motifs. Une philosophie humaniste qui n’exclut pas, pour autant, la possibilité d’une détention. « C’est un texte extrêmement perméable, il peut donner lieu autant au tout répressif qu’au tout éducatif », précise Francis Bailleau, chercheur au CNRS, spécialiste de la délinquance juvénile.

L’ordonnance de 1945 a déjà été remaniée près d’une vingtaine de fois. Prenant à chaque fois une tournure de plus en plus carcérale. Point d’orgue : la loi Perben I, en 2002, instaurant les centres éducatifs fermés (CEF), ouvrant la voie à des sanctions éducatives dès l’âge de dix ans ou encore la détention provisoire dès l’âge de treize ans. Quatre ans plus tard, les résultats sont quasi nuls. Et pourtant, un nouveau durcissement du texte se profile.

Nicolas Sarkozy, en vue des présidentielles de 2007, prépare le terrain. À coup de slogans et taillé sur mesure dans les médias. Son préféré : « Les mineurs d’aujourd’hui sont différents de ceux de 1945 ! » De fait, la philosophie de la réforme, élaborée avec le ministre de la Justice, Pascal Clément, opère un véritable renversement des valeurs. « La primauté des mesures éducatives devra être affirmée, sachant que la sanction est une forme d’éducation... », estime Nicolas Sarkozy. En clair, on punit d’abord, on discute ensuite.

Le ministre de l’Intérieur propose en particulier d’instaurer, pour les mineurs de plus de seize ans, une procédure dite de « jugement immédiat » qui s’apparente à la tristement célèbre comparution immédiate, réservée jusqu’ici aux seuls majeurs. Autre idée : la création d’une « mesure éducative de jour » afin de « sensibiliser les mineurs aux règles sociales ». En clair : astreindre l’enfant à suivre une activité pour le familiariser avec le monde du travail. Ce qui fait bondir Roland Ceccotti, secrétaire général du SNPES-PJJ/FSU : « C’est totalement contre-productif. L’insertion professionnelle se fait peu à peu, c’est un travail lent avec le jeune. En l’obligeant, on fait comme si on n’avait aucune confiance dans sa capacité à s’améliorer. On le force alors qu’il faut le convaincre... »

Un train de mesures qui s’inscrit parfaitement dans la logique d’enfermement qui prévaut aujourd’hui en matière de peines pour les mineurs. À côté de la construction des sept établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), Pascal Clément a rappelé, la semaine dernière, sa volonté de voir 46 CEF opérationnels d’ici à 2007. « Tous les crédits d’investissement de la PJJ depuis 2002 sont affectés à l’enfermement, dénonce Roland Ceccotti. Pour construire les CEF et EPM, on est obligé de fermer des dizaines de foyers de prise en charge éducative. »

À l’autre bout de la chaîne, les juges s’arrachent les cheveux : lorsqu’une mesure éducative est ordonnée, le premier rendez-vous avec un éducateur intervient généralement quatre à cinq mois plus tard... « C’est comme ça que l’on décrédibilise la justice », s’agace Hélène Franco pour qui la prison doit demeurer le dernier recours, au risque de la banaliser dans la tête des gamins.

D’après : http://www.humanite.fr/journal/2006-05-10/2006-05-10-829515

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commentaires

H
Très bonne analyse Daisy, tu est éducatrice ?
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D
Des centres tenus par d'anciens instructeurs de l'armée, et c'est avec ça que l'on espère réconcilier des mômes avec la notion d'autorité (et de fait tout ce qui la représente)? <br /> En amont des CEF, il y a les CER (centre d'éducation renforcée), et si j'ignore comment travaillent les collègues d'autres structures, je peux vous garantir que l'on obtient chez nous des résultats humains mesurables à l'oeil nu. Des mômes qui ne connaissent comme mode d'expression que la violence apprennent à poser des mots. Donc sont moins frustrés, donc sont moins violents. CQFD. <br /> Les CER pourraient être une excellente alternative aux CEF, seulement voilà: il n'y a pas assez de place (puisqu'il y a peu de CER accueillant chacun peu de jeunes), et...ça coûte cher. Très cher. Beaucoup plus cher que de coller des gamins entre 4 murs avec des instructeurs militaires. <br /> Il faudrait aussi pouvoir travailler avec les familles. Quand nous arrivons à le faire, c'est hors cadre et hors temps de travail. Il faudrait pouvoir travailler à la "sortie" des jeunes: stage; formation voire emploi. mais nous n'avons pas le temps, et c'est l'éducateur PJJ qui est chargé de ça. L'éduc PJJ qui a au moins 30 gamins en suivi. <br /> Le problème n'est pas l'absence de solution, mais comme d'habitude, l'absence de moyens et de coordination des différents services. Et au bout de la chaine, ce sont toujours les mêmes qui en font les frais...<br />  
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K
Le probleme c'est qu'on parle bien de mineurs donc l'armée ca parait un peu hard car ils ont quand même des cours à coté,maintenant l'idée n'est pas mauvaise car la prison leur un titre de caiide plutot que de les calmer,donc un stage ouais ca serait bien,et il leur fodrai des cours pendant leur stage.Moi j'etais chez les compagnons du devoir et ca m'a bien remit sur les bons rails.
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G
La société a bien évolué depuis 1945, un mineurd'hier, n'est plus un mineur d'aujourd'hui...La justice doit bien évidemment s'adapter, si la prison n'est pas la solution idéale, il existe bien des centre de rétention et d'éducation pour mineurs difficiles, il en existe, un récent reportage en faisait état...Des centres encadrés par d'anciens instructeurs retraités de l'armée...Les jeunes suivent une scolarité normale, mais la discipliney est incontournable, un régime para-militaire à l'exemple de ce que tous les appelés ont connu dans leurs trois mois de classe obligatoire, à l'occasion du service militaire, supprimé par Jacques Chirac, ceci dit, une sacré connerie, une de plus à son actif...! Les résultats semblaient positifs...
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H
Pour celles et ceux qui veulent un peu plus de precisions sur ce que Sarkozy a en tête voila le Compte Rendu  de son audition par les commissions des affaires culturelles, familiales et sociales : http://www.assemblee-nationale.fr/12/cr-cafc/05-06/c0506054.asp#P35_393
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A
moi j'ai la solutuon. Un mineur fait une connerie c'est direct un "stage" de 6 mois a l'armée. un bon stage limite entrainement de commando. Ca te calme vite fait. Si tu refuse, c'est 1 ans de prison. Ceci pour toute peine en rapport avec agression sur personne et pour toute récidive (même pour un petit vol)
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D
Qu'attendre de plus d'un type qui voit d'abord le mauvais chez nos jeunes avant d'y voir son potentiel. Rappelons tout de même que sarkozy est coutumié du fait -cf les délinquants de trois ans. Ce type nourri une véritable haine de la jeunesse.
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C
nos jeunes de maintenant ne sont pas ceux qu'il y a 50 ans, en conséquence je trouve cette loi tres bien. Pour exemple : moi même, a l'age de 8 ans jusqu'à 15 ans j'ai vécu en foyer famillial disciplinaire, et oué je n'etais pas un ange quand j'etais gosse. Sans cela il y aurait forte chance que je ne sois pas ici en train d'ecrire ses mots, j'aurais été surement dans un caniveau avec une seringue dans le bras. Avec le recul je ne regrette ce qui m'est arrivé et j'en suis même content d'être passer par les centres éducatifs de l'etat, qui m'ont donné la chance d'être ce que je suis maintenant.
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A propos de l'auteur

Arnaud MOUILLARD

 

Educateur Spécialisé.

 

Ancien jeune correspondant au journal l'Humanité.

 

Blogueur membre du collectif de blogueur de gauche #LeftBlogs.

 

RDV sur mon nouveau Blog : http://arnaudmouillard.fr

 

contact : hern276@yahoo.fr