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1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 17:25
Article de Grégory Marin paru dans l'Humanité



La France historiquement riche de ses immigrés ?

 

Jean-Baptiste Lully. Créateur de l’opéra français, secrétaire de Louis XIV : Italien naturalisé Français. Marie Curie. Physicienne, prix Nobel de physique en 1903, prix Nobel de chimie en 1911 : née Sklodowska, Polonaise naturalisée Française. De tout temps, la France s’est nourrie des talents étrangers. Mieux : elle a su les reconnaître, les intégrer à sa culture, à son histoire. De tels exemples ne sont que la partie émergée de l’iceberg. L’immigration européenne - nullement massive, il est vrai - du XVIIe au XXe siècle a tellement été assimilée que seuls subsistent les destins exceptionnels qui ont marqué l’histoire du pays. Mais l’histoire contemporaine regorge elle aussi de figures exemplaires

de cette richesse : Raymond Kopa, footballeur ballon d’or en 1958, fils d’immigré polonais, l’humoriste Djamel Debbouzze, d’origine marocaine, ou encore l’écrivain, compositeur et parolier David McNeil, d’origine américaine. Le « rayonnement culturel » de la France à travers le monde passe par sa digestion des apports culturels de ces « étrangers ». Les obscurs, les sans-grade, ceux dont « l’extrême France » que dépeint la politologue Fiametta Venner, de Nicolas Sarkozy à Jean-Marie Le Pen, en passant par Philippe de Villiers, ne veut pas, enrichissent aussi la France.


 

Quelle contribution à la construction du pays ?

 

Notre pays s’est largement ouvert à l’immigration belge, allemande et italienne, lors de la deuxième révolution industrielle (de 1870 à 1910). Après la Première Guerre mondiale, la main-d’oeuvre, surtout polonaise, a remplacé le million de Français morts. Algériens, Marocains, Tunisiens, Espagnols et Portugais sont arrivés pour la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale, puis avec la décolonisation. Trois vagues d’immigration pour un seul choix : celui de travailler à l’expansion de l’économie française. Les mêmes, aujourd’hui, la mettraient en péril ? Qu’en est-il vraiment ? Les immigrés font vivre l’économie française. Ils gagnent de l’argent en travaillant, mais comme tous les Français, le redistribuent en consommant. Bien sûr qu’ils font « vivre la famille au pays » en envoyant de l’argent dans leur pays d’origine, mais ils participent à la solidarité nationale française en cotisant, en payant leurs impôts. Même les sans-papiers sont partie intégrante de ce système. Les salariés de la blanchisserie Modeluxe de Chilly-Mazarin en sont un exemple frappant. Certains ont travaillé pendant cinq ans, feuilles de salaire à l’appui, pour un patron qui les a licenciés en septembre 2006, prétextant la découverte de leur condition d’immigrés illégaux. Leur régularisation par la préfecture de l’Essonne, début janvier 2007, ne prouve-t-elle pas que la société elle-même se sent fautive de leur exploitation ? Contrairement à ce que la droite et son extrême en disent, cette immigration est acceptée par les Français, si on leur explique qu’elle est non seulement utile, mais aussi outil de développement, culturel et économique.



La France, « patrie de l’universel » ?

« Nous devons reconnaître l’apport de l’immigration à la construction de la France et changer les représentations de ce phénomène, il y va de la cohésion de notre nation. » Contre toute attente, cette déclaration incombe à Jean-Pierre Raffarin, lors du lancement du projet de Cité nationale de l’histoire de l’immigration, le 8 juillet 2004. L’ancien premier ministre n’organisait-il pas avec Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur de mai 2002 à mars 2004, la répression des immigrés, illégaux ou pas ? La politique que mène la droite ne l’empêche jamais de flatter ceux-là mêmes à qui elle fait du tort. C’est le paradoxe français : cultiver à la fois la méfiance de l’étranger et l’image d’une terre d’asile, patrie des droits de l’homme qui accepte l’intégration d’autres peuples pour se construire. C’est aussi une question de présentation : « Les immigrés actuels doivent savoir que les discours négatifs tenus à leur égard sont récurrents historiquement », explique Gérard Noiriel, politologue, historien et directeur de l’École des hautes études en sciences sociales, sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères. « Il faut leur donner à voir de grandes figures de l’Histoire française, des personnalités qui se sont démarquées et qui venaient d’ailleurs. » La démonstration vaudrait dans les deux sens : fierté des immigrés d’avoir influencé notre pays, prise de conscience de la société d’accueil de la richesse acquise. De quoi redonner du sens à la « patrie de l’universel » dont parlait l’historien Jules Michelet.

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commentaires

D
<br /> <br /> La question n'est pas celle de l'apport des populations étrangères, nais celle de la cohésion sociale. Peut-on créer une unité au sein d'une population extrêmement allogène? Probablement non, ou<br /> alors qu'on me démontre le contraire. Les populations d'origine étrangère doivent des lors rester en petit nombre. Qui aimerait faire un voyage au Maroc et s'apercevoir que ce pqys n'est plus<br /> fait de Marocains, mais de Chinois. Cela s'appelle l'appauvrissement culturel et l'uniformisation des cultures. Sauvons l'originalité du monde en combattant son uniformisation et cela passe par<br /> combattre l'immigration excessive!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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A propos de l'auteur

Arnaud MOUILLARD

 

Educateur Spécialisé.

 

Ancien jeune correspondant au journal l'Humanité.

 

Blogueur membre du collectif de blogueur de gauche #LeftBlogs.

 

RDV sur mon nouveau Blog : http://arnaudmouillard.fr

 

contact : hern276@yahoo.fr