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12 janvier 2007 5 12 /01 /janvier /2007 15:29

Nicolas Sarkozy annonce son autosatisfaction de son Bilan sécuritaire, pourtant la réalité n'est pas celle qui veut nous faire croire.
A voir  ces vidéos ici et lire cette interview de Serge Portelli pour avoir une vision réelle de la délinquance.


Entretien avec Serge Portelli, vice-président du TGI de Paris.


Quel jugement portez-vous sur le bilan sécuritaire de Nicolas Sarkozy ?

Serge Portelli. Ce bilan est faux. Ce n’est pas moi qui le dis mais un rapport réalisé en 2005 par les inspections de la police nationale et de la gendarmerie, basé sur les chiffres de 2004. Ce rapport a dénoncé une manipulation des chiffres sous la pression du ministère, visant à faire passer à la trappe un demi-million de crimes et délits. Si l’on en tient compte, on serait en fait à plus de quatre millions d’actes délictueux en 2006. Ce qui n’a rien à voir avec la baisse dont se vante Nicolas Sarkozy.

Comment est-ce possible ?

Serge Portelli. C’est l’aboutissement de ce que Nicolas Sarkozy appelle « la culture du résultat », qui vise à faire baisser les chiffres de la délinquance et non la délinquance elle-même. Cela consiste à ne pas prendre certaines plaintes, à faire passer en main courante des délits au lieu de dresser des PV en bonne et due forme, etc. Des préfets jusqu’aux gardiens de la paix, toute la chaîne de la hiérarchie est sous la pression de cette méthode qui - incite à manipuler les chiffres. Si vous - interrogez le policier de base, il pourra vous le confirmer. Il y a d’ailleurs un paradoxe entre la nécessité affirmée de faire baisser le nombre de crimes et délits, et celle d’augmenter simultanément le nombre de personnes gardées à vue.

 

Cela signe-t-il l’échec de la politique du ministre ?

Serge Portelli. Cet échec est évident dans les secteurs où il est très difficile de manipuler les chiffres, comme pour les violences aux personnes. Un vol de voiture peut passer à la trappe, pas la plainte d’une personne munie d’un certificat médical. Or en 2006, comme les années précédentes, ces violences sont en augmentation. Cet exemple est le signe de la manipulation statistique et de l’échec des méthodes répressives.

 

L’inflation des lois sécuritaires n’est donc pas la solution ?

Serge Portelli. Depuis 2002, cette succession de lois a privilégié la prison comme seule réponse, en criminalisant les délits, en alourdissant les peines, en étendant les possibilités de détention provisoire et de comparution immédiate, en réduisant l’accès à la libération conditionnelle et à la remise de peine, etc. Aujourd’hui, il y a 10 000 détenus de plus qu’en 2002, mais cet accroissement n’a pas eu le moindre effet sur la délinquance. C’est la preuve que la prison comme réponse unique n’est absolument pas la solution.

 

Entretien réalisé par Sébastien Crépel

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A propos de l'auteur

Arnaud MOUILLARD

 

Educateur Spécialisé.

 

Ancien jeune correspondant au journal l'Humanité.

 

Blogueur membre du collectif de blogueur de gauche #LeftBlogs.

 

RDV sur mon nouveau Blog : http://arnaudmouillard.fr

 

contact : hern276@yahoo.fr