Retour sur le débat du 12/10/11 entre Martine Aubry et François Hollande :
Introduction :
Interrogée en tout début d'émission sur son expression de "gauche molle", Martine Aubry a préféré préciser sur : "Je veux vous dire ce qu'est c'est qu'une gauche forte".
Sur ce même thème, François Hollande a répondu : "Je n'ai pas envie d'une gauche dure. On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous serions, nous, une candidature sectaire? Je ne le veux pas. Je pense que le pays a besoin d'être apaisé. Ce n'est pas une gauche molle. Il faut une gauche solide".
Puis, la maire de Lille à taclé son concurrant : "Ce qui gène, ce n'est pas le débat, c'est le flou", allusion directe à l'un des reproches souvent fait au député de Corrèze, sa difficulté à trancher.
Le débat était lancé.
La règle d'or :
Si les deux candidats s'opposent à la "règle" d'or d'équilibre budgétaire proposée par Nicolas Sarkozy, François Hollande souhaite une "loi de programmation" sur la réduction des déficits après la présidentielle.
S'emparant du sujet, Martine Aubry lui a lancé : "Sur la règle d'or, (...) tu as quand même au départ dit (...) qu'il fallait prendre cette règle d'or ". "Non jamais, jamais, tu ne trouveras jamais aucun écrit de ma part sur la règle d 'or !", a répliqué le député de Corrèze.(pourtant voir ici)
S'en est suivi un échange un peu confus : "Je les ai", a lancé Mme Aubry en montrant un dossier qu'elle tenait à portée de main. François Hollande lui demande alors de les lui "donner" :)
Le cumul des mandats :
Martine Aubry a aussi revendiqué la "clarté" de sa position contre le cumul des mandats : "Moi je l'ai dit clairement, tu le sais François, tu n'étais pas d'accord, ça n'était pas facile, j'ai perdu des soutiens".
François Hollande dont la position a évolué sur cette question a répondu : "Sur le cumul des mandats, moi j'ai un principe incontestable, parce que je l'ai toujours pratiqué : je respecte les décisions de mon parti".
Les contrats de génération :
Cette mesure proposée par François Hollande, prévoit qu'une entreprise qui garde un senior et embauche un jeune soit exonéré de cotisations sociales pour les deux emplois. Une mesure coûteuse lui répond Martine Aubry qui chiffre à 8 milliards d'euros par an cette proposition. Pour la maire de Lille "Tout système fondé sur des exonérations de cotisations sociales sur les jeunes n'a jamais marché".
Dette et Fiscalité :
François Hollande promet une réduction du déficit à 0% en 2017. Martine Aubry préfère rester prudente et en parle comme d'un "objectif" qu'on "ne peut pas annoncer" : "Je ne prends pas un engagement que je ne peux pas respecter."
Précise, Martine Aubry a affirmé : "il faut passer de 90 à 60 milliards de déficit. Ce qui est possible avec la réduction des niches fiscales" et a proposé "une tranche supplémentaire à 50% au-delà de 100.000 euros par part fiscale. Cela rapporte deux milliards."
"La fiscalité française, c'est une suite de bricolage" et donc ma première mesure, "c'est de faire la réforme fiscale d'ampleur", a de son côté dit François Hollande.
Redoublement et remplacement des fonctionnaires :
Martine Aubry a sorti sa calculette. Elle interroge François Hollande sur sa proposition de supprimer les redoublements. Une mesure chiffrée à 2,5 milliards économies. Cette proposition réduirait le nombre d'enseignants. "Ca veut dire qu'on n'embauche pas 60.000 fonctionnaires", souligne Martine Aubry. Vraie question : les économies occasionnées par une baisse des redoublements passent par des économies de moyens, donc de profs... A quoi servent alors les embauches promises par Hollande ? Réponse du candidat : le rétablissement d'une année de formation à l'IUFM nécessite une compensation de 16.000 enseignants dès la première année.
Banques :
Sur ce thème, les deux finalistes étaient en accord, proposant le placement sous contrôle public des banques qui seraient recapitalisées par les deniers publics. François Hollande a proposé trois mesures : l'instauration d'un droit de veto de l'Etat quel que soit le niveau de son entrée au capital d'une banque, la séparation des activités de dépôt et d'investissement, et une "mutualisation" des profits qui seraient réalisés par certains établissements.
Martine Aubry a fait des propositions identiques, à l'exception de l'idée de "mutualisation" des profits bancaires, empruntée à Arnaud Montebourg.
Mondialisation :
Réaffirmant qu'il était "pour une économie ouverte, François Hollande a cependant posé trois conditions : "un principe de réciprocité", une pression accrue que la Chine pour qu'elle suive les mêmes règles que les autres pays et "une contribution écologique". Pas favorable au protectionnisme, François Hollande s'est dit favorable à une stratégie offensive.
Martine Aubry a elle plaidé pour "un Etat stratège" (...) avec "une banque publique d'investissement régionalisée".
Grèce :
Partisane de prêter de l'argent à la Grèce, Martine Aubry a critiqué le plan d'austérité et s'est prononcé pour demander aux grecs un plan précis et un effort accrue en matière de fiscalité.
François Hollande s'est dit pour la reconnaissance et l'annonce "d'un défaut paiement" de la Grèce, pour une modification des règles de décision des pays européens et en finir avec la règle d’unanimité en vue d'adopter l'idée des eurobonds.
Présidence :
"Moi je me suis engagée depuis de longs mois dans cette démarche" sans savoir qui seraient les autres candidats. J'ai eu l'intuition, le sentiment que le pays avait besoin "d'une présidence solide, solidaire respectueuse" tout ce qui n'a pas été fait, a
Moi je suis "un homme de ténacité", "j'ai commencé très jeune (...) à 26 ans", a fait valoir François Hollande avant de défendre son bilan à la tête du PS pendant onze ans et assumant le fait d'être "un homme neuf".
Interrogée sur son expérience Martine Aubry a fait valoir ses avantages, en l'occurrence son CV : à la fois à la tête de ministères et en entreprises privées. Puis elle a enchaîné sur ses qualités de "pragmatisme", de "constance", de "clarté" à la tête du parti socialiste. "Moi je fixe clairement un chemin et je dis comment je vais y aller".
Vote des étrangers aux élections locales et institutions :
François Hollande a indiqué que "dès notre arrivée en 2012", cette proposition serait mise en oeuvre. Même position pour Martine Aubry.
Sur les contre-pouvoirs, la maire de Lille s'est dite notamment favorable à un renforcement du poids du parlement et au renforcement de l'indépendance de la justice.
François Hollande s'est dit pour une "république exemplaire", une "réforme du statut du chef de l'Etat", "des modes de scrutin... des modes de nomination".
Conclusion :
Assurant proposer des idées nouvelles : réformer les services publics, mieux répartir l'offre de soins, Martine Aubry a lancé un appel à tous les Français s'adressant plus particulièrement à tous les jeunes et aux femmes.
François Hollande a mis en avant la nécessité de rassemblement : "La France, ce n'est pas n'importe quel pays, c'est le pays qui est moteur en Europe".
"J'ai été en tête au soir du premier tour des primaires", "il faut que je sois largement en tête" dimanche, a-t-il conclu.
Le dimanche 16 Octobre 2011, je voterai pour Martine Aubry.
Liens : francetv.fr ; tempsreel.nouvelobs.com